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Citation de Duluoz


Il-y-a à Millau quelque chose qui à pesé longtemps, qui pèse encore, c'est le souvenir de la guerre...La ville a connu des restrictions très sévères, on n'avait pas grand-chose à manger. Alors, tous les matins à 4 heures, il y avait un car au gazogène qui partait au ravitaillement. Il était plein comme un œuf, et plus encore, avec des gens sur l'impériale ou accrochés aux portes...Par dérision, on l'appelaait le "rapide du Lévezou". Pour aller à Pont-de-Salars, qui est à 40 kilomètres d'ici, il mettait dans les deux ou trois heures, et encore quand il ne fallait pas le pousser dans les côtes. Et les femmes allaient dans les fermes pour mendier de la nourriture. Mendier, et pourtant on ne manquait pas d'argent: à cette époque là, Millau c'était encore une aristocratie ouvrière. Et les paysans se "revanchaient" sans doute du mépris dans lequel nous les avions tenus jusqu'alors...Parce qu'il faut dire, avant guerre, quand ils venaient à la foire du 6 mai, on les reconnaissait de loin, les jeunes paysans mettaient de grandes cocardes et tout ça, on se moquait d'eux , on les traitait de péquenots, et ils encaissaient sans mot dire.
Et puis le petits marioles dans mon genre, bien sûr, ne pensaient qu'à sauter les petites paysannes en profitant de leur naïveté, qui était incroyable. C'est pour dire, si on était honnêtes, et si on méritait une leçon. Alors bien sûr, quand ils ont eut l'occasion de prendre leur revanche, ils ne se sont pas gênés. Mais c'est une revanche qui coûtait cher, et qui faisait très mal. Ils s'en sont mis plein les poches en affamant la ville. Il y a des gens à Millau qui ont souffert de la faim. Ma femme était orpheline, et sa famille sur le Lévezou le savait parfaitement. Pourtant, ils l'ont laissée souffrir de la faim. Sans doute parce qu'ils ne voulait rien lui donner gratuitement parce que ça représentait de l'or, et qu'ils n'osaient pas non plus lui demander le même prix qu'aux autres. Ma femme en est marquée, encore. Elle vous dira: "les paysans, je ne les aime pas". Et c'est général, les gens ont du mal à avoir confiance dans les paysans. Pourtant ce ne sont pas ceux du Larzac qui étaient en cause, ils étaient trop pauvres à l'époque, mais ceux du Lévezou...Seulement, il n'est pas facile de demander aux gens, quand ils ont trop souffert, de faire des détails...
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