Je lus ces lettres le soir, chez moi, les pieds sur le Mirus. La plupart, anonymes, livraient des voisins, des commerçants, parfois des parents, à la vindicte du Maréchal. Dans une sous-préfecture de l’importance de Saint-Clément, tout se sait très vite et la délation devient une tentation permanente. Il y avait dans ce fatras écœurant, peu à retenir et beaucoup à rejeter. Ce n’était que méchanceté, hypocrisie et bêtise. De simples querelles de voisinage ou de famille devenaient, sous ces plumes sordides, une affaire d’état.