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Citation de enzo92320


Dans notre esprit, le viol est le destin d'une certaine espèce de femmes. D'ailleurs, si elles cessaient enfin de se croire violées, elles inventeraient l'amour. Ginette, par exemple, ne subira jamais telle agression. Alice a cherché son viol, elle en connaîtra d'autres. La société veut punir Bruno ? D'accord, mais qu'elle n'oublie pas Alice ; renvoyés face à face, chargés de leurs instincts, le mâle et la femelle se déchireront, s'entendront, s'aimeront, peu importe, mais ne troubleront ni les finances de l'État, ni la conscience publique. Condamner un jeune homme de dix-neuf ans à six années de réclusion pour un viol à peine prouvé, en somme pour dix minutes d'amour, consiste à le punir d'être un homme, à l'enfermer dans le circuit tragique d'une délinquance future, bientôt ressentie comme sa justice personnelle. Ce comportement se situe bien dans la logique d'une société elle-même femelle à la recherche du viol, qui lui permet enfin de frapper « justement » et de se venger, pauvre folle, pauvre vieille réunion de polichinelles impuissants réduits à la sécurité des groupes, à l'innocence obligatoire des familles. Il est vrai que, si le mariage bourgeois incite au pire des viols, la condamnation s'étend alors parfois sur quarante ans et plus. En l'occurrence, la punition s'abat plutôt sur la femme. Justice est faite.

(p.210)
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