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Citation de Cielvariable


Celui qui, deux heures auparavant, eût pénétré dans la chambre de toilette de la marquise d’Ancre, l’eût vue assise devant une table encombrée de flacons, pinceaux et brosses : l’attirail compliqué d’une grande coquette. Pourtant, cette femme n’était pas coquette. Son esprit profond et mâle méprisait d’un hautain mépris les colifichets et fanfreluches des parures féminines. Sa pensée aux ailes de vaste envergure, en son vol de vautour, planait au-dessus des inquiétudes qui agitent les autres femmes.

Mais elle était laide !

Difforme, contrefaite, l’épaule gauche renflée, la bouche trop grande, le buste mal d’aplomb sur les jambes, laide enfin, Léonora n’avait pour toute beauté que deux yeux noirs resplendissants d’intelligence, pareils à deux étoiles égarées au fond d’un ciel triste de novembre. C’était cette disgrâce de la nature que Léonora, tous les matins, tâchait de réparer ou d’atténuer par l’application d’un art qu’elle avait étudié comme un général étudie la stratégie.

Laide, soit ! il est des laideurs harmonieuses. Mais que tout au moins sa présence fût supportable à l’homme qu’elle adorait d’un amour exclusif, absolu : son mari !
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