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Citation de VincentGloeckler


Un jour ils ont parlé de M. Flaubert, ce bourgeois réactionnaire dont Georgette aime tant les livres, et, en regardant le lit d’enfant dans ce qui est devenu la chambre d’Albert, elle lui a raconté la mort du petit Félix, le premier enfant des Meunier. Il avait deux ans, il toussait, les parents avaient d’abord cru à un rhume, mais il toussait trop, sa respiration était de plus en plus courte. Josée s’était affolée, elle avait pris son enfant dans les bras, enroulé dans une couverture, c’était en décembre, un décembre glacial, et elle avait couru, oui, couru, jusqu’à l’hôpital Sainte-Eugénie, deux kilomètres à perdre haleine, le petit Félix, le visage bleuâtre, pendu à son cou, le regard désespéré. C’est le croup, avait dit l’officier de santé. L’enfant avait détourné la tête pour repousser la cuillère d’ipécacuana, et il avait cessé de respirer. Des années après, nous avons lu L’Éducation sentimentale et elle m’a dit qu’elle trouvait les femmes riches bien heureuses, elles ne tombent amoureuses que parce qu’elles s’ennuient, leurs enfants ne tombent malades que lorsqu’elles tombent amoureuses, et, dans ces histoires de riches, les enfants qui ont le croup ne meurent pas, et nous, les travailleurs manuels, nous ne pouvons pas avoir des états d’âme comme en ont les bourgeois dans ces romans ? (p.52)
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