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Citations de Michèle Audin (41)


En 1879, plusieurs grands hommes sont nés, parmi lesquels Albert Einstein, Paul Klee, Joseph Djougachvili, qui devinrent un physicien, un peintre, un dictateur .
Des naissances de femmes célèbres ?
Du côté de la fiction, 1879 est l'année de la création de la pièce - Une maison de popée- , de l'écrivain norvégien Henrik Ibsen, dans laquelle sont évoqués la condition, le rôle, la vie d'épouse d'une femme de la bourgeoisie. L'année aussi de la parution en feuilleton de -Nana-, un roman d'Emile Zola dont l'héroïne, fille d'une blanchisseuse et d'un couvreur, essaie de sortir de la misère par la prostitution de luxe, et meurt, si je compte bien, à l'âge de dix-huit ans.
En 1879, un congrès ouvrier socialiste se réunit à Marseille, au cours duquel Hubertine Auclert fit adopter une résolution qui proclamait l'égalité absolue des deux sexes. (p. 16)
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La disparition de tous les livres les affligea davantage que celles des fauteuils, des lits, du linge ou de la vaisselle.
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Elles ont vingt ans, ou trente, ou un peu plus, en 1934 et un peu après. Elles s'appellent Mademoiselle Haas. Elles sont bibliothécaire, concierge, cuisinière, coiffeuse, première main flou, fraiseuse, infirmière, écrivaine, femme de chambre, institutrice, journaliste, femme de ménage, chef de travaux, ouvrière métallurgiste, libraire, pianiste, physicienne, ourdisseuse, sage-femme, vendeuse (...)

Elles travaillent. Presque toutes avec leurs mains – mains de sage-femme, mains d'ouvrière, mains de pianiste. Elles sont auxiliaires, adjointes, temporaires, mademoiselles. Elles rêvent. Elles vivent, dans la joie et dans la peine, une histoire qui, au fil des ans, s'emplit de bruit et de terreur.
Elles rêvent. Elles vivent, dans la joie et dans la peine, une histoire qui s'emplit de bruit et de terreur. Leur travail est ignoré des livres d'histoire.
Elles y sont invisibles. Oubliées. Omises, plutôt. (p.9-10)
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Quant à ceux qui sont faits prisonniers, beaucoup sont traînés dans les cours prévôtales ou cours martiales, dont je vais parler plus bas. Ceux qui en réchappent et son emmenés à Versailles peuvent être fusillés sur le chemin, parce que leur tête ne revient pas à un officier, parce qu'ils ne marchent pas assez vite ou parce qu'ils aident un autre prisonnier épuisé. Après quoi il faudra survivre dans les prisons versaillaises.
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Pas plus que vous ne trouverez ici d'exotisme, vous n' y trouverez la nostalgie, l’écœurante nostalgie-pied-noire, avec les couleurs et les saveurs, l'anisette, le cabanon,la fatma,la mer, le ciel et le soleil.Le monde dans lequel il a vécu n'existe plus, c'est dit, et avec lui a disparu ce dont il avait souhaité la disparition, les fatmas, les colons, la pacification, les enfants analphabètes, dans ce qu'il faut bien appeler l'apartheid colonial.
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116800
Reichsmark, aurait coûté un malade mental si on l'avait entretenu pendant quarante ans.
157034
Le numéro tatoué sur le bras d'un rescapé et noté sur une page d'un cahier bleu.
491 hommes et femmes du convoi 60 furent emmenés par des SS et des chiens et immédiatement gazés.
479 est un nombre premier et le quart de 1916.
1933
Celle, où les livres de Heinrich Heine furent joyeusement brûlés sur les places.
1000
Le nombre de juifs dans les convois.
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2mars
J'ai regardé Jésus sur la croix au dessus de mon lit.
Lui aussi est blessé.
J'ai pris sa croix entre mes mains.
J'ai regardé sa figure malheureuse et il a bu mes larmes!
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Je voudrais aussi me souvenir d'une habitude,d'une expression,de la manière qu'il avait de porter tel ou tel vêtement, de choses inessentielles, banales, insignifiantes. J'aimerais lui connaître des défauts.
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Un jour ils ont parlé de M. Flaubert, ce bourgeois réactionnaire dont Georgette aime tant les livres, et, en regardant le lit d’enfant dans ce qui est devenu la chambre d’Albert, elle lui a raconté la mort du petit Félix, le premier enfant des Meunier. Il avait deux ans, il toussait, les parents avaient d’abord cru à un rhume, mais il toussait trop, sa respiration était de plus en plus courte. Josée s’était affolée, elle avait pris son enfant dans les bras, enroulé dans une couverture, c’était en décembre, un décembre glacial, et elle avait couru, oui, couru, jusqu’à l’hôpital Sainte-Eugénie, deux kilomètres à perdre haleine, le petit Félix, le visage bleuâtre, pendu à son cou, le regard désespéré. C’est le croup, avait dit l’officier de santé. L’enfant avait détourné la tête pour repousser la cuillère d’ipécacuana, et il avait cessé de respirer. Des années après, nous avons lu L’Éducation sentimentale et elle m’a dit qu’elle trouvait les femmes riches bien heureuses, elles ne tombent amoureuses que parce qu’elles s’ennuient, leurs enfants ne tombent malades que lorsqu’elles tombent amoureuses, et, dans ces histoires de riches, les enfants qui ont le croup ne meurent pas, et nous, les travailleurs manuels, nous ne pouvons pas avoir des états d’âme comme en ont les bourgeois dans ces romans ? (p.52)
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Dans ses mémoires Pierre Vidal-Naquet dit qu'on lui a opposé que les 3000 disparus de la bataille d'Alger , c’était "une heure d'Auschwitz". je refuse d'essayer de comprendre quel calcul macabre peut mener à ce résultat. Trois mille disparus, c'est trois convois arrivants à Auschwitz. quels trois convois choisir d'oublier ?
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Ah ! Vous n'êtes qu'à moitié juive, 1/2 pour vous, 3/4 pour moi, ça ferait 5/8 pour nos enfants et un joli exercice sur les fractions !
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Cette année a un jour de plus que les autres. Pour moi, c'est un jour de guerre de plus. On nous amène des blessés du front de l'est, la bataille fait rage à Verdun.
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Consultez l’histoire et vous verrez que tout peuple comme toute organisation sociale qui se sont prévalus d’une injustice et n’ont pas voulu entendre la voix de l’austère équité sont entrés en décomposition ; c’est là ce qui nous console, dans notre temps de luxe et de misère, d’autorité et d’esclavage, d’ignorance et d’abaissement des caractères, de pervertissement du sens moral et de marasme, de pouvoir déduire des enseignements du passé que tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines.
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Le prénom Clémence n’a été donné que quatre fois, en 1879, à des fillettes nées dans le quartier lyonnais de Vaise. On préférait Jeanne, Claudine, Marie ou Joséphine.

Pourquoi Clémence ?

Janet, le patronyme de Clémence, n’est pas un nom rare. Un psychologue, un philosophe, un mathématicien et même un baron d’empire ont porté ce nom. Des hommes. Mais il n’y a aucun mathématicien, ni d’ailleurs aucun intellectuel, il n’y a aucun baron, même d’empire, dans l’ascendance de Clémence.

La même année que Clémence, presque cent mille enfants sont nés en France. Naître était une chose, vivre en était une autre : dix-sept mille de ces cent mille bébés sont morts avant leur premier anniversaire. Les raisons de ne pas survivre étaient nombreuses. Un peu d’espoir pourtant : si les antibiotiques étaient encore loin, Pasteur commençait à avoir l’idée des vaccins.

On naissait à la maison. Les femmes accouchaient seules, avec l’aide d’une sage-femme, ou d’un médecin pour les plus aisées. C’est une sage-femme qui est allée déclarer la naissance de Clémence.

Le 2 septembre n’est pas une date célébrée de l’histoire de France. C’est celle de la défaite de l’armée impériale à Sedan, neuf ans avant la naissance de Clémence, en 1870.

Né en 1850, le père de Clémence, qui a été soldat, a certainement fait cette guerre. Il fut même peut-être de « la plus belle armée que la France ait connue », celle qui ensanglanta Paris en mai 1871.

La mère de Clémence a participé à l’histoire de France elle aussi. Figurante de l’exode rural, elle fut de cette main-d’œuvre féminine facilement exploitable qui vint former la classe ouvrière des villes au cours de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.
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"Les révolutions commencent toujours parce que les classes au pouvoir ne connaissent et méprisent les classes populaires."
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Plusieurs de ses livres de mathématiques sont rangés parmi les miens. Par endroits, de petits morceaux de papier jauni dépassent entre les pages, il faut les défroisser pour y lire ce qu'il y avait inscrit et devait lui permettre d'aller directement à tel ou tel passage. Il y a les deux livres empruntés à la bibliothèque de la Faculté d'Alger et que ma mère avait décidé de ne pas rendre, pour attirer l'attention sur le fait qu'il était pas là pour les rapporter. Un récolement, pour lequel les lecteurs devaient "restituer intégralement" les livres avant le 13 juin - ce qu'il ne put pas faire -, fut réalisé justement les 20, 21 et 22 juin - pendant qu'on le tuait. Voilà un détail que j'ai appris depuis que je veux savoir : la circulaire traînait parmi ses papiers et elle y est restée.
Il y a aussi quelques fascicules de Bourbaki et le livre d'analyse fonctionnelle de Riesz et Nagy qu'il a beaucoup cité et dans lequel j'ai appris, il m'a appris... à écrire.

Février 2011 - septembre 2012
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On recommence ici à mourir comme avant les massacres de mai. Plus de coups de chassepot ou de mitrailleuse. Nous avons eu des accidents de charrette une femme de la rue des Rosiers qui s’est jetée dans la Seine parce que son mari est emprisonné sur un ponton dans la rade de Brest (…) Nous ne savons rien de la petite madeleine Alary qui est partie il y a deux mois. Etienne a été condamné à la déportation. »
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Peu de témoignages sur la Commune :
La littérature de l’époque fourmille de textes dont les auteurs écrivent comme s’ils avaient été présents, comme s’ils avaient vu – l’ambassadeur des États-Unis, Elihu B. Washburne, parmi des dizaines d’autres, vous raconte, dans ses Recollections, le 18 mars comme s’il avait été à Montmartre au petit matin de ce jour-là… Devinez s’il y était !
Pourtant, il y a peu de témoignages sur la Commune écrits par les acteurs de cet événement. Bien sûr, des Parisiens « lettrés » ont tenu leur journal ou écrit des souvenirs, mais la plupart étaient hostiles à la Commune (voir La Commune de Paris racontée par les Parisiens de Jean-François Lecaillon) et surtout étaient des spectateurs. Je cite quelques-uns de ces témoignages dans ce texte, comme celui de Paul Du Boys à propos des cours martiales ci-dessus.
Il nous manque le témoignage des gardes nationaux, des ouvrières parisiennes. Beaucoup de raisons à ceci : le confinement – les protagonistes sont enfermés ensemble dans Paris –, le peu de durée – soixante-douze jours –, l’analphabétisme – l’enseignement n’est ni gratuit ni obligatoire –, la dureté de la répression – ne détruisait-on pas les documents de peur d’une fouille ou d’une perquisition ? Détruire les papiers qu’il a dans les poches, c’est la toute première chose que fait Maxime Vuillaume, au tout début de Mes cahiers rouges. Il n’est pas le seul :
"Mon portefeuille, plein d’autographes précieux, entre autres une lettre de Delescluze, de cartes civiques, de documents nombreux pouvant me servir à faire plus tard l’histoire de cette époque, fut jeté dans les lieux avec mon képi."
C’est ce qu’écrit Sutter-Laumann dans son Histoire d’un trente sous (p. 319). Les archives de la préfecture de police regorgent de listes de képis, morceaux d’uniforme, armes, jetés dans les « lieux » et retrouvés lors de vidanges de fosses septiques. La Bièvre et les égouts ont aussi été mis à contribution – mais le papier ne survit pas à cette épreuve.
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Candidat lui aussi, Francis Jourde (qui était comptable et ancien membre de la Commune) répond, évoquant le jeudi de la Semaine sanglante, le 25 mai, sur le boulevard Voltaire :
Je ne viens pas ici me poser en héros, mais j’affirme que j’ai fait mon devoir. Je m’étonne d’entendre émettre ces insinuations à deux pas de ce boulevard Voltaire [la réunion a lieu rue Oberkampf] où se sont passés tant de faits qui sont dans toutes les mémoires. Qui marchait à la tête des deux cents hommes qui se dirigeaient vers le Château-d’Eau ? Les bourgeois Delescluze et Jourde. Qui rencontrèrent-ils en route ? Le bourgeois Vermorel, frappé à mort et frappé aussi bien par les calomnies de ses amis que par les balles versaillaises. Et qui soutenait le bourgeois socialiste Vermorel ? Deux ouvriers, Avrial et Theisz. Ce jour-là, citoyens, il n’y avait ni bourgeois ni ouvriers, il n’y avait que les défenseurs de l’idée socialiste unissant leurs efforts et mêlant leur sang.

Tous les bourgeois et ouvriers qu’il nomme étaient des membres de la Commune…
On peut donc s’étonner de lire, dans la préface d’une réédition récente des Réflexions sur le mouvement communaliste et sous la plume d’un historien aussi respecté que Jacques Rougerie, que Gustave Lefrançais, élu du IVe arrondissement, « est un des rares membres de la Commune qu’on trouve sur les barricades pendant la Semaine sanglante ».
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Et ce n'est pas vrai, dit-elle, tu n'es pas rien, tu es un ouvrier bronzier, tu as organisé les sociétés ouvrières, tu as fait fonctionner la poste à Paris; il dit qu'ici, il n'est plus rien, même pas un bon ouvrier.
Nous avons notre histoire, mais, dit-elle, tu dissimules la tienne au fond de tes souvenirs, tu vas la laisser se perdre;
ne recommence pas, dit-il, je ne peux pas;
ne crois pas que les versaillais vont raconter ce que tu as vu, toi;
je le sais bien et je sais aussi que sans doute tu as raison, mais crois-moi, je ne peux pas, et pour la première fois, il lui dit qu'il a essayé, déjà, avant même qu'on le lui demande, quand j'étais caché chez toi, j'ai vraiment essayé et, je t'assure, je ne pourrai pas écrire.

Alors, raconte-moi, et j'écrirai, moi.

(p.120)
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