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Citation de Souri7


Elle avait appris à faire la différence entre la Grande Boucherie où on débitait bœufs, moutons et porcs et la Petite Boucherie où étaient vendues les viandes viles comme celle de la chèvre ou du bélier.
Un jour, elle avait cru faire une bonne affaire en achetant un morceau de porc salé à un prix défiant toute concurrence. Une bourgeoise qui l’avait vue faire s’approcha d’elle et lui dit :
— Vous savez que la viande que vous venez d’acheter est celle d’un porc lépreux ? Vous n’avez pas remarqué le fanion blanc accroché au poteau près de l’étal ?
Constance rapporta immédiatement sa tranche de porc salé au marchand qui la remboursa en lui disant :
— Il y en aura qui s’en contenteront.
Elle regretta de ne plus avoir Agnès auprès d’elle pour la mettre en garde. Un matin très tôt, elle décida de suivre la tournée d’inspection des maîtres jurés de la boucherie, chargés de détecter les fraudes et les malversations des commerçants. Ils commencèrent par inspecter les moutons pour voir s’ils n’avaient pas la picote.

Ils passèrent ensuite aux cochons qui allaient être abattus. Le langayeur qui les accompagnait ouvrait la gueule de chaque animal et passait les doigts sous sa langue pour détecter d’éventuelles petites pustules qui signifiaient que le cochon était lépreux2. Ce matin-là, il n’y en avait qu’un. Il fut aussitôt décidé que n’étant lépreux qu’au premier degré, sa chair pourrait être consommée à condition d’être mise au sel pendant quarante jours. Constance savait maintenant que cette chair se retrouverait sur un étal signalé par un fanion blanc ! S’il avait été plus gravement atteint, l’animal aurait été abattu et donné pour servir de nourriture aux pauvres de l’Hôtel-Dieu.
Constance comprenait maintenant pourquoi l’abattage se faisait en pleine ville. Avec des bêtes arrivant sur leurs pieds, on pouvait s’assurer qu’elles étaient saines. Les bouchers ne pouvaient se livrer à des manœuvres malhonnêtes comme d’apporter des animaux abattus alors qu’ils étaient malades. Tant pis pour les récriminations des riverains qui se plaignaient des embouteillages dus aux bestiaux qui encombraient les rues soir et matin. Sans compter la puanteur qui régnait dans le quartier, les horribles bruits qu’émettaient les animaux sentant la mort et le sang ruisselant dans les rues.
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