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Citation de coco4649


 
 
  Et il avait fallu qu'une voix, unique et comme venant d'outre-tombe, lasse elle aussi et pleine d'une sourde et violente tristesse, racontant tout cela me parlât du temps comme personne jamais ne m'en avait parlé, le temps qui ne pouvait s'arrêter, qui ne s'arrêtait jamais, comme les grands fleuves fous qui emportaient tout sur leur passage, si bien qu'un jour tout était perdu, oui tout était perdu, alors on revenait dans la maison, on revenait dans le livre pour voir où et de quelle manière tout s'était défait, et la voix vous emportait à nouveau, la grande phrase qui allait vers la mer, vers la grande, sévère fin des choses. Ainsi que lui parfois qui avait cette voix et me parlait comme jamais personne encore, et qui bien après que le livre fut publié, reprenant l'histoire y revenait comme à ce que, dans une sorte d'ivresse et d’inépuisable quête, il n'aurait su quitter, rôdant autour de lieux et de créatures dont il ne pouvait se déprendre, mais aussi et surtout peut-être de la voix même qu'il avait fallu pour dire ces choses-là, car dans tout cela n'était-ce pas elle qui comptait, et non pas tant la voix qui racontait l'histoire que celle qui, nourrissant le récit, d'un même et profond ballant s'en nourrissait à son tour, sourde et profonde, et si lointaine. À ce qu'il paraît, emporté par le grand fleuve fou, il n'en finissait pas d'écrire, et rien sans doute ne pouvait faire qu'il en fût autrement, ce comté-là était trop profond, et trop déchirantes et anciennes les blessures qu'on s'y infligeait.

p17-18
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