Je ne suis pas la mère que j'aurais voulu, ni, pire encore, pensé pouvoir être. Le quotidien a rongé mes ambitions, rabattu mon caquet. L'usure, l'impatience, la fatigue, l'exaspération ont grignoté mes réserves, que je pensais inépuisables, de douceur et de compréhension. L'amour que j'ai pour mes enfants, qui a jailli en moi à la seconde même où j'ai su qu'ils grandissaient dans mon ventre, est immense, infini, inextinguible. Hélas, les qualités qui devraient en découler, la patience, le calme, le contrôle de soi et de ses nerfs, ne me sont pas venues en complément. A défaut, j'ai des réserves de culpabilité, ce sentiment frustrant et inutile qui rend lucide donc malheureux, mais ne permet ni de réparer les erreurs commises ni d'éviter d'en commettre de nouvelles dans l'avenir.