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3.33/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Michelle-Irène Brudny est professeur des Universités en philosophie politique, américaniste.

Elle a contribué à faire connaître Hannah Arendt au public français avec le numéro spécial d'Esprit de juin 1980, des traductions dans le recueil conçu par une équipe française, Penser l'événement (Belin, 1987), l'établissement du texte correspondant à une série de cours donnés à la New School for Social Research, la Nature du totalitarisme (Payot, 1990), et les deux dossiers " Hannah Arendt " du Magazine Littéraire (1995 et 2005). Elle collabore également à la poursuite de l'édition des volumes de recueils posthumes par Jerome Kohn aux Editions Schocken.

Elle a notamment procuré l’édition de poche de Eichmann à Jérusalem (Gallimard, 1991 et 1997), destinée à un public qui n'avait pas connu directement la controverse. Elle a écrit plus tard Hannah Arendt. Essai de biographie intellectuelle (Grasset, 2006) et dirigé un volume collectif sur les Destins de « la banalité du mal » (L’éclat, 2011) pour retracer les vicissitudes de cette idée jusqu'au contresens complet.
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Source : http://www.huffingtonpost.com
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Michelle-Irène Brudny
Ce que ses étudiants avaient en commun, "c'est qu'ils savaient distinguer "entre un objet d'érudition et une chose pensée" et que l'objet d'érudition leur était à peu près indifférent". Ce n'est pas, selon Hannah Arendt, "la philosophie de Heidegger dont on peut à bon droit se demander s'il en a une ... mais le penser de Heidegger qui a contribué à déterminer de manière si décisive la physionomie spirituelle du siècle". Il ne s'ait absolument pas d'une activité contemplative, mais de "séjourner dans la profondeur, d'ouvrir des chemins et de poser des "jalons"". Ce dont les étudiants faisaient alors l'expérience, "c'était que le penser comme pure activité, c'est-à-dire ce qui n'est mis en mouvement ni par la soif de savoir ni par le besoin de connaissance, peut devenir une passion qui n'étouffe pas les autres activités et les autres dons mais les ordonne et les gouverne".
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Michelle-Irène Brudny
Lire également : "La croyance en l'élection des juifs" Rapport inédit présenté par Hannah Arendt le 13 mai 1942 à la séance du Jungjudische Gruppe...
"Les juifs non croyants ont enterré d'un cœur très léger, au cours du dernier siècle et demi, l'espérance messianique ou bien, dans le meilleur des cas, ils l'ont transformée en une quête fanatique et révolutionnaire de justice. Mais malheureusement ils n'ont pas arraché de leur esprit l'autre composante de leur héritage, l'antique croyance en l'élection. Ils l'ont conservée, après l'avoir privée de sa meilleure part. Sous sa forme antique, qui a été depuis longtemps dépassée par la piété juive, elle est devenue le cadeau empoisonné des Juifs au monde occidental. C'est un malheur, non seulement pour nous, mais pour toute l'Europe si, au cours de la constitution des nations, nous ne l'avons pas légué à une nation et si, au sein de formes très modernes d'organisation, nous sommes restés figés dans notre ancienne organisation tribale. On a fait beaucoup d'efforts pour tenter de résoudre l'énigme posée par la curieuse structure du peuple juif. Ce n'est pas autre chose qu'un peuple antique perdu parmi les modernes, une organisation de type tribal, fondée sur un mythe commun dont le noyau politique est la famille (et non l'Etat).. Cette communauté apatride a su conserver la domination ploutocratique d'une manière inégalée. Avec la perte du mythe, avec la sécularisation de la plus grande partie du peuple, le lien commun était constitué par la famille ou, pour les rapports plus importants, par le "sang" commun. C'est seulement là où, dans une rébellion consciente contre ce mode d'organisation, sont nés des mouvements nationaux juifs, dans le sionisme surtout qu'est apparue la conscience moderne d'un passé commun, en même temps que le désir d'une normalisation qui fasse de ce peuple un peuple comme tous les autres...
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Michelle-Irène Brudny
A Paris, Hannah habite d'abord un petit hôtel rue Saint Jacques. Elle logera ensuite avec Heinrich Blücher rue Servandoni, à l'Hôtel des Pincipautés unies, à distance de marche de Walter Benjamin, cousin éloigné de Günther Stern, et tout près de Joseph Roth, qu'elle ne connaît pas, " peut-être le seul, avec Karen Blixen, à posséder au cœur du XXe siècle, le talent de Schéhérazade... Ces auteurs si admirés aujourd'hui, avec, peut-être, la secrète blessure, la culpabilité de leur mort, vivent dans un grand isolement, un désespoir littéral, privés de surcroît de leurs carnets ou de certains manuscrits. Malgré les amitiés, une certaine solidarité des exilés et la multiplicité des cercles, ils sont, à l'exception du Galicien Roth, au "charme fait en parties égales, de candeur, de tendresse, d'ironie, d'irréalité et de légèreté", des "boches", réfugiés, apatrides et sans statut avant de devenir des "étrangers o,désirables".

Raymond Aron permet à Hannah Arendt et à Günther Stern, par sa recommandation, de suivre le célèbre séminaire de Kojève sur Hegel à l"Ecole Pratique des Hautes Etudes. Ils y croisent J-P Sartre puis font la connaissance d'Alexandre Koyré et de Jean Wahl. Avec Koyré, elle se lie pour longtemps. Sartre, dès ses débuts, ne lui vient pas à l'âme, pour détourner l'admirable formule de Melle de Lespinasse.
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Michelle-Irène Brudny
A Paris, Hannah habite d'abord un petit hôtel rue Saint Jacques. Elle logera ensuite avec Heinrich Blücher rue Servandoni, à l'Hôtel des Pincipautés unies, à distance de marche de Walter Benjamin, cousin éloigné de Günther Stern, et tout près de Joseph Roth, qu'elle ne connaît pas, " peut-être le seul, avec Karen Blixen, à posséder au cœur du XXe siècle, le talent de Schéhérazade... Ces auteurs si admirés aujourd'hui, avec, peut-être, la secrète blessure, la culpabilité de leur mort, vivent dans un grand isolement, un désespoir littéral, privés de surcroît de leurs carnets ou de certains manuscrits. Malgré les amitiés, une certaine solidarité des exilés et la multiplicité des cercles, ils sont, à l'exception du Galicien Roth, au "charme fait en parties égales, de candeur, de tendresse, d'ironie, d'irréalité et de légèreté", des "boches", réfugiés, apatrides et sans statut avant de devenir des "étrangers o,désirables".

Raymond Aron permet à Hannah Arendt et à Günther Stern, par sa recommandation, de suivre le célèbre séminaire de Kojève sur Hegel à l"Ecole Pratique des Hautes Etudes. Ils y croisent J-P Sartre puis font la connaissance d'Alexandre Koyré et de Jean Wahl. Avec Koyré, elle se lie pour longtemps. Sartre, dès ses débuts, ne lui vient pas à l'âme, pour détourner l'admirable formule de Melle de Lespinasse.
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Michelle-Irène Brudny
Entre le début du XXe siècle et 1933, la population juive légèrement inférieure à sa proportion habituelle de 1%, gagne en visibilité, en raison, notamment, de son importance dans les "secteurs sensibles" : le commerce et la finance, le journalisme et le domaine culturel, la médecine et le droit, et son engagement politique à gauche. ... Moritz Goldstein publie dans la revue Kunstwart, en mars 1912, un article intitulé "Deutsch-jüdischer Parnass". "Nous autres Juifs administrons les biens spirituels d'un peuple qui ne nous reconnaît ni le droit ni la compétence de le faire ". Entre les "administrateurs juifs de la culture allemande qui croient parler au nom des Allemands et les Allemands eux-mêmes qui tiennent une telle prétention pour intolérable", le désaccord est insurmontable. Moritz Goldstein écarte l'option du sionisme et demande aux Juifs d'Allemagne de "faire preuve de courage : malgré leur attachement à ce pays et à tout ce qui est allemand, malgré leur présence séculaire sur ce sol, ils doivent tourner le dos à la société qui les a accueillis et cesser de lui vouer un amour constamment renouvelé et jamais désiré".
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Michelle-Irène Brudny
Le jour où Hannah et son mari ont entendu parler d'Auschwitz, c'était en 1943. "Et tout d'abord, nous n'y avons pas cru {... en partie parce que cela allait à l'encontre de toute nécessité, de tout besoin militaire {...}. Et cependant, nous avons bien du y croire six mois plus tard lorsque nous en avons eu la preuve. C'était là le vrai bouleversement {...} vraiment comme si l'abîme s'était ouvert {...}. Cela n'aurait jamais dû arriver. Je ne parle pas du nombre de victimes. Je parle de la fabrication systématique des cadavres {...}. Il s'est passé là quelque chose que nous ne parvenons pas à surmonter...

C'est Raymond Aron qui a expliqué avec une lucidité extrême qu'un énoncé de cette nature - "les chambres à gaz, l'assassinat industriel d'êtres humains" - ne peut pas être traité de la manière habituelle par la "conscience claire", simplement parce qu'o ne peut pas savoir ce qu'on ne peut imaginer. Nous touchons réellement ici aux limites du concevable et, vraisemblablement, malgré sa position privilégiée dans un circuit d'information "spécialisé", Hannah Arendt à la fois savait et ne savait pas.
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Michelle-Irène Brudny
Le caractère intime de la relation des Juifs à l'Allemagne tient au moment historique qui l'a vue naître. La productivité à nouveau éveillée des Juifs, passés d'une condition encore assez proche du Moyen Age aux Lumières, est apparue alors que les Allemands étaient à l'apogée d'une grande période créatrice. Il s'est réellement agi d'un "moment heureux". L'image de l'Allemands auprès des Juifs est longtemps restée immuable, " en dépit d'expériences ... plus ou moins amères ". Ce sont les noms de Lessing et de Schiller qui ont symbolisé " la rencontre de ce grand moment historique ". Et cette rencontre qui a été historiquement la première, n'a pas eu, de surcroît, d'équivalent chez d'autres peuples d'Europe ". Ainsi, " la première moitié du XIXe siècle a été une période de rapprochement sans réserve ". Les Juifs ont eu l'illusion de se trouver chez eux. Or, leur " être ailleurs ", leur prise de congé d'eux-mêmes " se combinait avec le désir désespéré d'être " à la maison ". C'est là le mot clé de la relation des Juifs avec les Allemands.
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Michelle-Irène Brudny
Pourquoi Arendt charge-t-elle impitoyablement le tableau ? Elle précise (dans un ajout de la seconde édition "Eichmann à Jérusalem", absent de la traduction française) : "les témoins parlant des "SS et de leurs aides", indiquaient qu'ils faisaient figurer parmi les seconds "la police du ghetto qui était, elle aussi, un instrument aux mains des meurtriers nazis", tout comme le "Judenrat", pour souligner aussitôt que "les témoins n'étaient que trop heureux de n'avoir pas à "développer" davantage cet aspect de leur récit." Peut-on affirmer que "le ton hautain et objectif" qu' Hannah Arendt emploie cache mal sa passion qui est celle de comprendre ? S'agit-il ici de comprendre ou plutôt d' "endurer", de "supporter", de "faire la paix" avec cette situation qui est littéralement insupportable ? Que des juifs ne puissent pas se battre, qu'ils soient anéantis, par une méthode ou une autre, voilà ce qu'elle ne peut supporter. Et comme la pitié et la compassions ne sont pas des "sentiments politiques", il est exclu que l'auteur s'apitoie.
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Michelle-Irène Brudny
Juste avant la première Guerre mondiale, la situation des Juifs en Allemagne redevient tendue. " Après être demeurée relativement en sommeil, la question juive resurgit dans la vie politique allemande durant les élections au Reischstag de 1912, très vite appelées les "élections juives" (Judenwahlen). En fait, le problème est lié aux progrès de la gauche car les Juifs, notamment déçus par "la position des nationalistes à leur égard", se tournent vers les sociaux-démocrates, ce qui permet l'amalgame bien connu avec le "péril rouge". Mais la promotionde Juifs comme officiers peu après le début des hostilités donne lieu à des rumeurs d'incompétence sur un plan plus général. Une enquête est alors demandée au Reischtag et le ministère de la Guerre prussien décide de procéder à un recensement des Juifs. Ce Judenzählen n'était pas fortuit mais, comme l'écrit Ernst Simon "l'expression réelle d'un état d'esprit bien réel".
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Michelle-Irène Brudny
Ce que ses étudiants avaient en commun, "c'est qu'ils savaient distinguer "entre un objet d'érudition et une chose pensée" et que l'objet d'érudition leur était à peu près indifférent". Ce n'est pas, selon Hannah Arendt, "la philosophie de Heidegger dont on peut à bon droit se demander s'il en a une ... mais le penser de Heidegger qui a contribué à déterminer de manière si décisive la physionomie spirituelle du siècle". Il ne s'ait absolument pas d'une activité contemplative, mais de "séjourner dans la profondeur, d'ouvrir des chemins et de poser des "jalons"". Ce dont les étudiants faisaient alors l'expérience, "c'était que le penser comme pure activité, c'est-à-dire ce qui n'est mis en mouvement ni par la soif de savoir ni par le besoin de connaissance, peut devenir une passion qui n'étouffe pas les autres activités et les autres dons mais les ordonne et les gouverne".
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