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Citation de MegGomar


[...] leur posture normale [des femmes] est l'écoute, l'attente, le repli des mots au fond d'elles-mêmes. Accepter, se conformer, obéir, se soumettre et se taire. Car ce silence, imposé par l'ordre symbolique, n'est pas seulement celui de la parole, mais aussi celui de l'expression, gestuelle ou scripturaire. Le corps des femmes, leur tête, leur visage parfois doivent être couverts, et même voilés. "Les femmes sont faites pour cacher leur vie" dans l'ombre du gynécée, du couvent ou de la maison. Et l'accès au livre et à l'écriture, mode de communication distanciée et serpentine, susceptible et déjouer les clôtures et de pénétrer dans l'intimité la mieux gardée, de troubler un imaginaire toujours prêt aux tentations du rêve, leur fût longtemps refusé, ou parcimonieusement accordé, comme une porte entr'ouverte vers l'infini du désir.
Car le silence était à la fois discipline du monde, des familles et des corps, règle politique, sociale, familiale -les murs de la maison étouffent les cris des femmes et des enfants battus- personnelle. Une femme convenable ne se plaint pas, ne se confie pas, excepté chez les catholiques à son confesseur, ne se livre pas. La pudeur est sa vertu, le silence, son honneur, au point de devenir une seconde nature, l'impossibilité de parler d'elles finissant par abolir son être-même, ou du moins ce qu'on peut en savoir. Telles ces vieilles femmes murées dans un mutisme d'outre-tombe, dont on ne discerne plus s'il est volonté de se taire, incapacité à communiquer ou absence d'une pensée dissoute à force de ne pouvoir s'exprimer.
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