" Privés d'avenir, les révolutionnaires investissent le passé de leur espoir déçu."
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Lorsqu'en 1967 la contraception a été légalisée, des hommes se sont demandé ce qui allait se passer avec la sexualité féminine. Le député à l'origine de la loi, Lucien Neuwirth s'est vu accusé de transformer la France en bordel... Page 119
"Les papillons ne sont que des fleurs envolées un jour de fête où la nature était en veine d'invention et de fécondité ."

On le voit très bien dans le droit de vote : pour Sieyès, les femmes sont des citoyennes passives, qui ont droit à la protection de leur personne et de leurs biens mais ne votent pas. Elles n’ont aucun accès à la décision politique. Néanmoins, son discours n’est pas sans nuance puisqu’il précise : « du moins dans l’état actuel », comme si les femmes n’étaient pas encore capables à ce moment-là d’être citoyennes et de participer à la vie publique, mais pourraient l’être un jour. -- Cette distinction a été immédiatement récusée par les femmes, en particulier par Olympe de Gouges, la première à avoir eu conscience que cet universalisme proclamé était un piège. Elle objecte que si les femmes ont le droit de monter à l’échafaud, elles ont aussi le droit de monter à la tribune, à la fois lieu matériel et symbolique. Publiée en 179 1, en fait très peu diffusée (elle l’affichait elle-même sur les lieux accessibles), sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est d’une grande clarté, et on pourrait toujours la revendiquer aujourd’hui. En voici deux extraits.
Article VI : « La Loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. »
Article XVI : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution : la Constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction. »
En matière de liberté d’expression, il n’y a pas tant d’événements véritablement créateurs dans l’histoire. La Révolution en est un, assurément. La déclaration d’Olympe de Gouges aussi. 142
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Pendant très longtemps, battre un enfant était presque normal. Une taloche..
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Gisèle Halimi, qui a souvent eu raison et parfois seule contre tous, dit bien que les mots traduisent toujours une idéologie. Laisser passer un mot c'est le tolérer. Le langage nous piège sans que nous rendions compte.
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La langue est un pouvoir, elle résiste beaucoup.
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On peut se croire libre et ne pas l'être...
La question de la soumission reste entière. Se soumettre c'est accepter d'être dominé. Il peut y avoir à cela diverses raisons: la contrainte, l'acceptation, le consentement.
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En 1980, le viol devient un crime passible des assises, alors que auparavant le violeur était simplement traduit en correctionnel pour "cour et blessures."
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Les seuils de sensibilité et de tolérance ont changé. Pourquoi ce qui a été accepté pendant des décennies voir des siècles ou des millénaires devient inacceptable?
C'est une question historique majeur difficile à saisir par ce qu'elle dit des changements de représentations, de sensibilité, de conscience démocratique.