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Mélancolie ouvrière: "Je suis entrée comme apprentie, j'avais alors douze ans..." (Lucie Baud) de Michelle Perrot
" Privés d'avenir, les révolutionnaires investissent le passé de leur espoir déçu." (page 34) |
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Mélancolie ouvrière: "Je suis entrée comme apprentie, j'avais alors douze ans..." (Lucie Baud) de Michelle Perrot
" Privés d'avenir, les révolutionnaires investissent le passé de leur espoir déçu." (page 34) |
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George Sand à Nohant : Une maison d'artiste de Michelle Perrot
"Les papillons ne sont que des fleurs envolées un jour de fête où la nature était en veine d'invention et de fécondité ."
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Les femmes ou les silences de l'histoire de Michelle Perrot
L'irruption d'une présence et d'une parole féminines en des lieux qui leur étaient jusque-là interdits, ou peu familiers, est une innovation du dernier demi-siècle qui change l'horizon sonore. Il subsiste pourtant bien des zones muettes et, en ce qui concerne le passé, un océan de silence, lié au partage inégal des traces, de la mémoire et, plus encore, de l'Histoire, ce récit qui, si longtemps, a "oublié" les femmes, comme si, vouées à l'obscurité de la reproduction, inénarrable, elles étaient hors du temps, du moins hors événement. |
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Mon histoire des femmes de Michelle Perrot
Les formes d'enfermement, de clôture des femmes sont innombrables : le gynécée, le harem, la chambre des dames du château féodal dont Jeanne Bourin a fait un roman à succès, le couvent, la maison victorienne, la maison close. Il faut protéger les femmes, cacher leur séduction. Les voiler. "Une femme en public est toujours déplacée", dit Pythagore. "Toute femme qui se montre se déshonore", écrit Rousseau à d'Alembert. Ce que l'on redoute : les femmes en public, les femmes en mouvement.
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George Sand à Nohant : Une maison d'artiste de Michelle Perrot
[...] Il faut nous débarrasser des théories de 93 ; elles nous ont perdus. Terreur et Saint-Barthélémy, c'est la même voix [...]. Maudissez tous ceux qui creusent des charniers. La vie n'en sort pas. C'est une erreur historique dont il faut nous dégager. Le mal engendre le mal. Apprenons à être révolutionnaires obstinés et patients, jamais terroristes. » Une manière de testament politique de celle qui est « demeurée rouge dans son coeur ».
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Histoire de chambres de Michelle Perrot
Ces chambres foisonnantes, énigmatiques, je les ai aimées pour les cicatrices de leurs murs, leurs murmures étouffés, leurs émotions contenues, leurs intrigues, leur densité existentielle et les sentiers forestiers de leur imaginaire. Tributaire des confidences et des « aveux du roman », surprise par leur puissance de suggestion, voire de confession pour chacun d'entre nous, j'ai eu parfois le sentiment d'être indiscrète. Mais plus encore de me heurter à l'éphémère et à l'inconnaissable. Le secret protecteur dont les habitants des chambres s'enveloppaient, leur silence, s'opposent pareillement à l'intrusion de l'historien. La chambre est un objet limite dont l'opacité déjoue les curiosités du chercheur, comme celles du pouvoir. C'est sans doute une des raisons de sa séduction. |
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Les femmes ou les silences de l'histoire de Michelle Perrot
[...] leur posture normale [des femmes] est l'écoute, l'attente, le repli des mots au fond d'elles-mêmes. Accepter, se conformer, obéir, se soumettre et se taire. Car ce silence, imposé par l'ordre symbolique, n'est pas seulement celui de la parole, mais aussi celui de l'expression, gestuelle ou scripturaire. Le corps des femmes, leur tête, leur visage parfois doivent être couverts, et même voilés. "Les femmes sont faites pour cacher leur vie" dans l'ombre du gynécée, du couvent ou de la maison. Et l'accès au livre et à l'écriture, mode de communication distanciée et serpentine, susceptible et déjouer les clôtures et de pénétrer dans l'intimité la mieux gardée, de troubler un imaginaire toujours prêt aux tentations du rêve, leur fût longtemps refusé, ou parcimonieusement accordé, comme une porte entr'ouverte vers l'infini du désir. Car le silence était à la fois discipline du monde, des familles et des corps, règle politique, sociale, familiale -les murs de la maison étouffent les cris des femmes et des enfants battus- personnelle. Une femme convenable ne se plaint pas, ne se confie pas, excepté chez les catholiques à son confesseur, ne se livre pas. La pudeur est sa vertu, le silence, son honneur, au point de devenir une seconde nature, l'impossibilité de parler d'elles finissant par abolir son être-même, ou du moins ce qu'on peut en savoir. Telles ces vieilles femmes murées dans un mutisme d'outre-tombe, dont on ne discerne plus s'il est volonté de se taire, incapacité à communiquer ou absence d'une pensée dissoute à force de ne pouvoir s'exprimer. + Lire la suite |
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Les femmes ou les silences de l'histoire de Michelle Perrot
Ce silence profond, les femmes n'y sont pas seules. Il enveloppe le continent perdu des vies englouties dans l'oubli où s'abolit la masse de l'humanité. Mais il pèse plus lourdement encore sur elles, en raison de l'inégalité des sexes, cette "valence différentielle" (Françoise Héritier) qui structure le passé des sociétés. Il est la donnée première où s'enracine la seconde : la déficience des traces relatives aux femmes et qui rend si difficile, quoique très différemment selon les époques, leur appréhension dans le temps. Parce qu'elles apparaissent moins dans l'espace public, objet majeur de l'observation et du récit, on parle peu d'elles, et ce, d'autant moins que le récitant est un homme qui s'accommode d'une coutumière absence, use d'un masculin universel, de stéréotypes globalisants ou de l'unicité supposée d'un genre : LA FEMME. Le manque d'informations concrètes et circonstanciées contraste avec l'abondance des discours et la profusion des images. Les femmes sont imaginées beaucoup plus que décrites ou racontées, et faire leur histoire, c'est d'abord, inévitablement, se heurter à ce bloc de représentations qui les recouvrent et qu'il faut nécessairement analyser, sans savoir comment elles-mêmes les voyaient et les vivaient, comme l'ont fait surtout, en l'occurrence, les historiens de l'Antiquité tels François Lissarague, déployant la bande dessinée des vases grecs, ou du Moyen-Age. On verra les perplexités d'un Georges Duby, scrutant les images médiévales, ou d'un Paul Veyne, disséquant les fresques de la Villa des Mystères. L'un et l'autre concluent au caractère mâle des oeuvres et du regard et s'interrogent sur le degré d'adhésion des femmes à cette figuration d'elles-mêmes.
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George Sand à Nohant : Une maison d'artiste de Michelle Perrot
Ces souvenirs d'enfance ont eu le secret de m'attacher à une maison par des liens d'affection et de bien être qui font que je ne m'en éloigne jamais sans pleurer de regret et que je n'y rentre point sans pleurer de joie
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Des femmes rebelles : Olympe de Gouges, Flora Tristan, George Sand de Michelle Perrot
Le mariage, elle en était convaincue, était la clé de la servitude, d'autant plus que, acte religieux de catholicité ( mais il n'y avait pas alors d'état civil), il était un acte indissoluble.
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Epitaphe de Martin Luther King (1929-1968): « Enfin libre, enfin libre. ..….. Dieu tout-puissant, je suis enfin libre »