Et moi… moi, je crache sur la faucheuse comme j’ai pu le faire jadis aux visages de ceux qui se faisaient appelés « nos maîtres ». Je me refuserai à la première tant que je ne me serai pas vengé des seconds. La vieillesse me cueillera seulement quand notre Loi du Talion sera achevée : oeil pour oeil, dent pour dent, fer pour fer.
Ils ont voulu nous asservir jadis. Ils seront nos esclaves demain.
Elle remonta enfin à la surface, puis reprit son périple à travers la ville agitée, aux chorégraphies incessantes des voitures et au jeu des piétons qui traversent au feu vert. De temps à autre elle surveilla ses arrières mais la fille ne l'avait apparemment pas suivie. Elle marcha pendant une bonne dizaine de minutes en attrapant au passage un journal qui dépassait d'une poubelle. Elle arriva enfin au foyer qu'elle détestait tant, passa sans dire un mot ni même un bonjour devant l'hôtesse d'accueil ou toute autre personne qu'elle croisa. Elle entra de sa chambre et s'affala sur le lit puis se mit à feuilleter le journal qu'elle avait trouvé. Sur la première page elle pouvait lire la date du 1er septembre 2032, indiquant que le journal avait été jeté le jour même, puis en gros caractère La jeunesse et le numérique.