Si fraîche…
Si fraîche, en moi réveilles
Le blanc des fleurs du cerisier,
Et sur la terre, aux anges pareille,
Devant moi tu apparais.
Tapis que tu effleures à peine,
À tes pieds frissonne la soie,
Et de la tête jusqu'à la traîne
D'un simple rêve, tu as le poids.
Issue des plis de ton vêtement,
D'un marbre tu prendrais la place,
Dans tes yeux, dont je dépends,
Les larmes amplifiaient la grâce.
Ô, rêve heureux de mon amour,
Ma fiancée venue des contes,
Arrête ! Si tu souris toujours,
De ta douceur, je me rends compte,
Et combien forte tu serais
À m'ombrager toujours la vue,
Par des paroles murmurées,
Par les étreintes des bras nus.
Et brusquement, une pensée sage
Voile la braise de tes regards :
C'est le désir qui les ombrage,
C'est le renoncement noir.
Et tu t'en vas… je comprends :
Ne pas suivre mon bonheur,
Et je te perds éternellement,
Ma douce fiancée du cœur !
C'est mon péché de t'avoir vu,
Je ne pourrais jamais m'absoudre,
Je veux l'expier, la main tendue,
En vain, dans le désert de poudre.
Et tu m'apparaîtras, icône,
De la Vierge de tous les temps,
Et sur ton front portant couronne ;
Pourquoi partir ? Et tu viens quand ?