AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Henri-l-oiseleur


Le commencement du chemin vers le Printemps de Prague est marqué dans ma mémoire par le premier roman de Skvorecky, "Les Lâches", publié en 1956 et accueilli par le grandiose feu d'artifice de la haine officielle. Ce roman qui représentait un grand point de départ littéraire parle d'un grand point de départ historique : une semaine de mai 1945 pendant laquelle, après six ans d'occupation allemande, renaît la République tchécoslovaque. Mais pourquoi une telle haine ? Le roman était-il si agressivement anticommuniste ? Pas du tout. Skvorecky y raconte l'histoire d'un homme de vingt ans, follement amoureux du jazz (de même que Skvorecky), emporté par le tourbillon des quelques jours d'une guerre finissante où l'armée allemande était à genoux, où la résistance tchèque, maladroitement, se cherchait et où les Russes arrivaient. Aucun anticommunisme, mais une attitude profondément non politique ; libre ; légère ; /impoliment/ non idéologique.
Et puis, l'omniprésence de l'humour, de l'inopportun humour. Ce qui me fait penser que dans toutes les parties du monde les gens rient différemment. Comment contester le sens de l'humour à Bertolt Brecht ? Mais son adaptation du "Brave Soldat Chveïk" prouve qu'il n'a rien compris du comique de Hasek. L'humour de Skvorecky (comme celui de Hasek ou de Hrabal), c'est l'humour de ceux qui sont loin du pouvoir, ne prétendent pas au pouvoir et tiennent l'Histoire pour une vieille sorcière aveugle dont les verdicts moraux les font rire. Et je trouve significatif que ce soit justement dans cet esprit non- sérieux, anti-moraliste, anti-idéologique, qu'a commencé, à l'aube des années soixante, une grande décennie de la culture tchèque (d'ailleurs, la dernière qu'on puisse appeler grande.)

p. 164
Commenter  J’apprécie          92





Ont apprécié cette citation (8)voir plus




{* *}