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Citation de Esopton


Si je m'étais laissé aller contre la terre, au milieu des centaines de pousses et de plantes minuscules, chacune modelée autrement par le temps et les intempéries, si j'avais laissé mon corps inerte balayé par le soleil et les ombres, si j'avais laissé se pencher sur moi les grappes de baies rouges et noires d'un arbuste vénéneux, rien ne m'aurait plus différencié de l'univers de la forêt. Je serais mort à cet endroit, je serais bientôt devenu une charogne aux sucs intérieurs coagulés, aux yeux voilés et à la peau craquelée, fourmillement d'insectes, un sol fertile pour les champignons, une carcasse toujours plus décomposée, léchée par le vent et la solitude. Il aurait plu et neigé sur moi, et au printemps quelques ossements et quelques chiffons auraient été éparpillés sous les clochettes aux corolles violettes et sous les verges marron des jeunes arbres. J'aurais enfin appartenu à un autre monde, uni à lui, uni à son air vert et humide, à son tapis de feuillage transparent, à ses arômes sucrés et amers. Je serais mort et je serais né à nouveau, là, dans l'absence complète de toute conscience, connaissance et doute, simple motif de la tapisserie sans limite de la forêt.
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