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Citation de rbreizh


Sans doute, dans son grand discours de la salle Molière, on voit Ferry hésiter entre la vision positiviste – l'éducation des filles au nom de l'utilité sociale – et la vision rationaliste de Condorcet – l'éducation des filles au nom du droit individuel. Ferry, qui se réclame de Condorcet, est spontanément moins intéressé que le grand ancêtre à l’émancipation individuelle et à l'enrichissement personnel que garantit l'éducation des filles. [...] Une fois reconnue l'utilité spécifique de l'éducation des femmes et posé l'objectif de l'unification nationale, Ferry les inscrit dans le développement logique des droits: la société démocratique se définit par la rupture avec le privilège; elle est forcément incomplète sans cette égalité de droits (dont le positivisme, lui, enseignait qu'il était oiseux de la réclamer car elle ramènerait à la promiscuité primitive). Sur l'éducation des filles, Ferry tient donc à la fois deux discours mal compatibles. Mais il est remarquable que l'un de ces discours (les compétences particulières des femmes et l'intérêt bien entendu de la République à se les concilier) est subordonné à l'autre (le discours des droits) dont il n'a pas la force d'entraînement. Ferry, hésitant et ambigu, initie pourtant une alliance très originale, entre un vif sentiment de la différence, voire de la supériorité féminine, et celui de l'identité des lumières naturelles chez les êtres humains.
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