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EAN : 9782070756438
420 pages
Gallimard (23/09/1999)
3.71/5   14 notes
Résumé :

La France a longtemps passé pour le pays des femmes. Elle a pourtant la réputation d'être aussi celui d'un féminisme timoré qui a tardé plus qu'ailleurs à asseoir ses conquêtes. D'où vient cette timidité ? Et pourquoi le discours du féminisme extrémiste trouve-t-il en France si peu d'écho ? C'est ce paradoxe qu'explore le livre de Mona Ozouf, en donnant à entendre " les mots des femmes ",... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
4e de couverture : La France a longtemps passé pour le pays des femmes. Elle a pourtant la réputation d'être aussi celui d'un féminisme timoré qui a tardé plus qu'ailleurs à asseoir ses conquêtes. D'où vient cette timidité ? Et pourquoi le discours du féminisme extrémiste trouve-t-il en France si peu d'écho ?
C'est ce paradoxe qu'explore le livre de Mona Ozouf, en cherchant à écouter et à faire entendre « les mots des femmes », ceux qu'elles ont choisis elle-mêmes pour décrire la féminité. Ainsi se succèdent les figures et les voix de Madame du Deffand, Madame de Charrière, Madame Roland, Madame de Staël, Madame de Rémuat, George Sand, Hubertine Auclert, Colette, Simone Weil, Simone de Beauvoir.
La traversée de cette galerie fait découvrir la diversité inventive des cheminements féminins. Elle met en valeur une singularité française dont l'essai qui clôt cet ouvrage restitue l'histoire et les contours.

Mon avis : Ce livre brosse le portrait de dix femmes qui ont été contraintes de se battre pour se faire entendre. Certes, il parle de femmes, mais ce n'est pas un livre de féminisme « politique » ; il souligne la difficulté des femmes, selon les époques, à revendiquer leurs droits.
Cet essai a le mérite de mettre en lumière ces femmes exceptionnelles. Il souligne leurs idées, leurs combats.
Même si vous n'êtes pas féministes, que vous soyez homme ou femme, ces petites biographies et l'essai en dernière partie ne devraient pas vous laisser insensible.
C'est très bien écrit, c'est simple, encore d'actualité. Cet essai peut être lu comme une curiosité sur l'Histoire, un point de vue sur les femmes dans l'Histoire.

À lire en ayant une pensée pour les femmes de votre vie, en grignotant des boudoirs et en buvant du thé.

Mon Instagram : @la_cath_a_strophes
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Je viens de terminer la lecture d'un livre publié par Mona Ozouf en 1995 ; « Les mots des femmes ».
En ces temps où bien des controverses resurgissent concernant la place de la femme dans la société, l'éducation des filles, les violences faites aux femmes et tout dernièrement « l'orthographe inclusive », ce livre se recommande par la finesse de ses analyses, qu'on les partage ou non, et, comme toujours avec Mona Ozouf, par le simple plaisir que son écriture procure.

Mona Ozouf décrit le destin de dix françaises emblématiques : Mme du Deffand, Madame de Charrière, Madame Roland, Madame de Staël, Madame de Rémusat, George Sand, Hubertine Auclert, Colette, Simone Weil et enfin, Simone de Beauvoir.

Le dessein original de Mona Ozouf a été non pas de scruter les différents discours sur les femmes mais de décrypter le discours des femmes elles-mêmes en s'attachant aux pas – à la plume – de ces dix représentantes qui ont en commun d'avoir chacune écrit.

Cette série de portraits mêle celles qui croient au métissage des sexes comme Mme du Deffand et dont le salon est exemplaire de ce pouvoir oblique des femmes de l'Ancien Régime français , si étonnant pour les autres cultures, notamment pour un Anglais du XVIIIeme siècle, et celles qui comme Colette conçoivent les hommes et les femmes comme deux peuplades étrangères, parfois hostiles l'une à l'autre et qu'unissent à l'occasion des traités toujours rompus. On croise aussi des féministes comme Hubertine Auclert ou Simone de Beauvoir mais toujours – sauf pour Mme du Deffand - plane l'ombre tutélaire de la Révolution française qui, aujourd'hui encore, façonne les manières de penser.

Cette manière de penser en termes universels donne au féminisme français une coloration souvent paradoxale qui le distingue dès le départ, du féminisme anglo-saxon. Paradoxal, ce féminisme et cette manière de penser le rôle de la femme car la patrie des droits de l'homme est l'une des dernière à accorder le droit de vote aux femmes. Beaucoup ont tenté d'expliquer cette frilosité. Mona Ozouf avance une idée intéressante : ce n'est pas la timidité des conceptions françaises qui est à l'origine de ce retard ; au contraire, c'est leur radicalité. Une radicalité – assez parente de celle au fondement de la laïcité à la française –qui pense l'individu en termes abstraits, sous l'étendard de l'universalité. L'aversion pour les intérêts particuliers dont la femme – appartenant à son foyer comme la religieuse à son cloître – est supposée prisonnière, l'exclut durablement d'une véritable égalité avec l'homme. La certitude française de l'universalisme et la répulsion qui en résulte pour tout communautarisme quel qu'en soit la nature, ont constitué un frein puissant à la reconnaissance de droits spécifiques aux femmes, comme par exemple les quotas…

On sent bien que le livre de Mona Ozouf est extrêmement orienté et qu'elle éprouve une forme de rejet mêlé d'effroi pour les conceptions féministes anglo-saxonnes qui aboutissent -à ses yeux – à une véritable guerre des sexes.

Mais les choses évoluent et il est intéressant de repérer dans le texte d'Ozouf, ce passage – écrit donc en 1995 – dans lequel est évoquée sans la nommer explicitement la problématique de l'orthographe inclusive : « le féminisme français a résisté à la réfection complète du lexique et de la syntaxe qu'ont entreprise, en édictant des codes de correction langagière, certaines universités américaines. Nulle université française ne remercierait ses étudiants d'avoir participé à son « ovulaire » (ovular) , extravagant substitut imaginé par une philosophe américaine pour le mot « séminaire » trop phallique à ses yeux. Il y a bien eu, sans doute quelques propositions de réforme, quelques livres écrits sur le genre des mots. Les femmes françaises n'en continuent pas moins paisiblement à porter le titre de « docteurs » ou de « professeurs » sans éprouver le besoin de leur ajouter le montre-sexe d'un « e » superflu ».
L'actualité récente semble annoncer la fin de ces temps « paisibles »…
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Pourtant cela commençait bien. Littérature, féminisme, comment vivre tout ça, le fait d'être une femme qui réussi entre le 18è et le milieu 20è. Mais non, je n'ai pas pu me plonger dans ces 10 vies, de femmes pourtant pleines de promesses, des connues et des inconnues (de moi). L'ennui, le désintérêt ont pris le dessus, malgré l'intérêt de départ.
Tant pis, je continuerai de lire La Cause des Livres, car de livres, elle parle bien.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le féminisme radical paraît précisément avoir son berceau en France, où il a, dans les années 1960 et 1970, trouvé des plumes prestigieuses et inspiré des œuvres, tout de suite traduites, imitées, admirées. Que disent-elles, ces intégristes du féminin ? D'abord que le centre de l'existence féminine est la relation au corps, qui avant tout fait de chaque femme une possédée de l'espèce. Langage déjà beaucoup entendu, souvent tenu contre les femmes et ici renversé à leur profit. Alors que l'effort des femmes pour acquérir l'indépendance, éviter la ségrégation et accéder aux responsabilités politiques avait consisté au cours des siècles à ne pas être trop femmes, les féministes de la différence suggèrent qu'une femme ne l'est jamais assez.
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Le féminisme français a par ailleurs résisté à cette réfection complète du lexique et de la syntaxe qu'ont entreprise, en édictant des codes de correction langagière, certaines universités américaines. Nulle universitaire française ne remercierait ses étudiants d'avoir bien voulu participer à son "ovulaire" (ovular), extravagant substitut imaginé par une philosophe américaine pour le mot "séminaire" (seminar), trop agressivement phallique à ses yeux.
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Simone Weil - Ce qui la prémunit encore contre l'entraînement délicieux de la croyance, c'est le recul devant tout ce qui est fusionnel, tout ce qui fait croire qu'on est semblables (chanter, scander en chœur), alors qu'il faut seulement se savoir égaux (chacun souverain, chacun reconnaissant la souveraineté de l'autre). Elle détecte et déteste partout la subordination à quelque chose d'extérieur à soi (patrie, classe, groupement quelconque). Elle tient que celui qui fournirait aux hommes le secret de s'assembler sans que la pensée s'éteigne en eux produirait dans l'histoire une révolution comparable à la découverte du fer, de la roue, des premiers outils: car le groupe, qui fabrique de la passion collective, qui localise tout uniment les ennemis dans un autre groupe, une autre nation, une autre foi, est le lieu même de l’idolâtrie et de la tyrannie. Dès qu'il se met à professer des opinions, il les impose à ses membres, châtie impitoyablement toute déviance et exclut des hommes qui en restent à jamais flétris.
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Sans doute, dans son grand discours de la salle Molière, on voit Ferry hésiter entre la vision positiviste – l'éducation des filles au nom de l'utilité sociale – et la vision rationaliste de Condorcet – l'éducation des filles au nom du droit individuel. Ferry, qui se réclame de Condorcet, est spontanément moins intéressé que le grand ancêtre à l’émancipation individuelle et à l'enrichissement personnel que garantit l'éducation des filles. [...] Une fois reconnue l'utilité spécifique de l'éducation des femmes et posé l'objectif de l'unification nationale, Ferry les inscrit dans le développement logique des droits: la société démocratique se définit par la rupture avec le privilège; elle est forcément incomplète sans cette égalité de droits (dont le positivisme, lui, enseignait qu'il était oiseux de la réclamer car elle ramènerait à la promiscuité primitive). Sur l'éducation des filles, Ferry tient donc à la fois deux discours mal compatibles. Mais il est remarquable que l'un de ces discours (les compétences particulières des femmes et l'intérêt bien entendu de la République à se les concilier) est subordonné à l'autre (le discours des droits) dont il n'a pas la force d'entraînement. Ferry, hésitant et ambigu, initie pourtant une alliance très originale, entre un vif sentiment de la différence, voire de la supériorité féminine, et celui de l'identité des lumières naturelles chez les êtres humains.
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En France, c'est tout l'inverse. De l'appartenance à la nature, on conclut que la femme est un être sous influence: elle est doublement un corps, parce que son corps la possède, mais aussi parce qu'elle appartient à son foyer comme «la religieuse à son cloître», assertion de Rousseau rappelée par Rosanvallon. La femme est un être lié, et Hubertine Auclert elle-même était presque prête à le reconnaître, elle qui accordait qu'à la rigueur la femme pourrait être privée du droit de vote tant qu'elle serait enchaînée (à la manière de l'homme sous les drapeaux) par le mariage. Si la France exclut si longtemps la femme des isoloirs, c'est donc en raison de l'aversion pour les intérêts particuliers – héritage jacobin – et de la difficulté à la considérer comme un individu indépendant. ainsi les femmes sont-elles plus radicalement et plus durablement exclues dans le pays de l'individualisme abstrait, qui répugne à concevoir la liberté comme le fruit d'une quelconque appartenance.
C'est donc le radicalisme des conceptions françaises, et non leur timidité, qui explique le retard pris en matière de suffrage féminin.
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Videos de Mona Ozouf (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mona Ozouf
Alors que 2023 marque le 150e anniversaire de sa naissance, Colette est à l'honneur dans "La Grande Librairie". A cette occasion, Augustin Trapenard accueille Antoine Compagnon, pour "Un été avec Colette", publié aux Editions des Equateurs, Emmanuelle Lambert, pour "Sidonie Gabrielle Colette, édité chez Gallimard, et Frédéric Maget, pour "Notre Colette : Un portrait de Colette par ses lectrices", paru chez Flammarion. Frédéric Beigbeder, Amélie Nothomb, Chantal Thomas, Mona Ozouf et Simonetta Greggio sont également présents sur le plateau de l'émission, ainsi que Marie-Christine Barrault qui lira des textes de Colette.
Durant cette soirée, les invités vont revenir sur cette femme aux multiples facettes qui a marqué le XIXe siècle grâce à sa présence dans de multiples domaines. Tout au long de sa carrière, elle n'a cessé de changer de costume, entre celui d'écrivain, de journaliste ou encore de pantomime. Une situation qui lui allait à ravir puisque Colette a toujours refusé d'être étiquetée, mais aussi qui lui permettait de vivre de manière décente. En effet, comme elle l'a confié plusieurs fois, elle écrivait pour vivre, notamment après que son troisième mari Maurice Goudeket a été pris dans une rafle, le 12 décembre 1941. du fait de ses origines juives, il est arrêté par la Gestapo, lors de la rafle dite "des notables" et transféré au camp de Compiègne. Colette va alors tout mettre en oeuvre pour l'en sortir en faisait intervenir des personnalités très influentes. Il sera finalement relâché le 6 février 1942. N'ayant pas d'autres sources de revenus, Colette va continuer à publier pour des rédactions pas très fréquentables, mais sans jamais se compromettre dans des textes idéologiques ou propagandistes. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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