Mona Sammoun

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Les Maudites femelles sont la seule association connue en France qui rassemble des femmes lesbiennes ou bisexuelles ayant des pratiques hard. Cette association existe depuis 1996, elle réunit une dizaine de femmes ouvertes à la mixité sexuelle. Elle organise ses rencontres l’après-midi dans des boîtes SM parisiennes. Le Keller était le premier lieu à les accueillir, à présent elles se retrouvent au Transfer, entre autres boîtes homosexuelles. De temps en temps, l’association organise des soirées Donjon, boîte SM hétérosexuelle. A première vue les pratiques sadomasochistes des lesbiennes et des bisexuelles ne diffèrent pas de celles des femmes hétérosexuelles ou des hommes en général. On pourrait néanmoins, en y regardant de plus près, relever une différence de taille : dans les soirées des Maudites Femelles, les hommes sadomasochistes hétéro ou homo, même s’ils subissent un tri sévère à l’entrée, semblent mieux acceptés que dans les boîtes lesbiennes classiques.

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Des jeunes serveurs et serveuses, coursiers, vendeurs et vendeuses, y côtoient des hommes et des femmes de la bourgeoisie anglaise très discrète. Quelques Européens (Français, Allemands ou Italiens) ainsi que des Japonais font le voyage. Ce brassage de population est extraordinaire quand on pense à la sélection redoutable effectuée à la porte des boîtes de nuit traditionnelles surtout en France. Qui aurait l’idée de refuser l’entrée à ces beaux noirs séduisants ? Bourreaux ou esclaves, ils ont si fière allure et à Londres les hommes non accompagnés de femmes sont tous bienvenus. Une autre différence, de taille celle-ci, commune à toutes soirées sadomaso et fétichistes : les femmes n’y sont jamais importunées. Les curieuses s’étonnent de n’être pas draguées ou embêtées comme elles peuvent l’être dans les boîtes de nuit classiques. Certaines en éprouveraient-elles le manque ? Difficile d’adopter, si on ne le ressent pas profondément, un de ces rôles, disons-le sans réserve, stéréotypé, où les signes extérieurs de reconnaissance sont aussi importants que le comportement. Car si les approches sont codées. Un homme attiré par une dominatrice n’aura nul besoin de lui parler. Il saura choisir le moment ou s’agenouiller à ses pieds. Si la femme daigne s’intéresser à lui, il exprimera sa demande, léchera ses bottes, caressera ses jambes, attendra ses ordres. Une soumise ou un soumis n’aura en principe pas le droit de parler aux inconnus qui l’abordent sans la permission de son maître ou de sa maîtresse. Ainsi, une soirée sadomasochiste est le lieu idéal où peuvent se vivre ces rapports étranges sans aucune appréhension.

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En effet, à Paris, contrairement aux soirées de Londres ou d’Amsterdam, des tarifs d’entrée exorbitants sont imposés aux hommes non accompagnés. Le but non dissimulé étant de décourager les curieux et de préserver un équilibre entre le nombre d’hommes et de femmes, sachant que l’affluence de la gent masculine est naturellement plus importante dans ce genre d’événements. Les organisateurs semblent oublier que de nombreuses femmes dominatrices souhaitent choisir leur sujet parmi des hommes jeunes et beaux et que le portefeuille de l’esclave importe peu dans ces cas-là. Pour ces femmes et pour les couples, souvent à la recherche de voyeurs ou de partenaires occasionnels, le choix devient particulièrement restreint ; l’admission d’hommes seuls étant limitée par le nombre d’entrées (il y a souvent un quota) et par la sélection conséquente à une tarification excessive. Peut-être qu’une exception pourrait être relevé dans les soirées organisées par la dominatrice Amanda, dans une boîte échangiste du 17è arrondissement, qui n’existe plus aujourd’hui : Chez Adam.

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Aujourd’hui les lieux SM ne manquent pas dans la capitale. Les boutiques proposant des accessoires, des vêtements et des « jouets » ont désormais pignon sur rue. Les Larmes d’Éros, le musée de l’Érotisme, la boutique Dèmonia, la librairie La Musardine organisent régulièrement des rencontres et des expositions d’artistes. Enfin, nombreux sont les sadomasos qui passent leurs vacances au Cap d’Agde où des boutiques fétichistes et un bar homo cuir ont ouvert depuis quelques années dans le quartier naturiste.

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[…] un collectif norvégien, incitant les sadomasochistes à demander l’abolition du fétichisme, du travestisme, du sadisme, du masochisme de l’article F65 de l’ICD (International Classification of Diseases), la Classification Internationale des Maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé¹.

1. Le site internet http://www.reviseF65.org rassemble des articles sur le sujet.

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Notre société peut-elle admettre qu’une personne signe un contrat d’esclavage, même volontaire ? Peut-on ainsi bafouer les principes fondateurs dans le pays des droits de l’homme ? Les limites semblent donc assez claires entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.

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Pour un homme à cette époque, et aujourd’hui encore, imaginer qu’une femme puisse partager ses fantasmes, même s’il ne la rencontrera jamais, est le plus puissant des aphrodisiaques.