AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Monique Cottret (48)


Apologie pour les religieuses de Port-Royal par Antoine Arnauld, Pierre Nicole et Claude de Sainte-Marthe :
---
"Or un des mots qui sert le plus ordinairement à couvrir les plus grandes injustices est celui d'"opiniâtreté". Car c'est d'une part un mot qui marque un véritable défaut, puisque sans doute l'opiniâtreté est un vice, et de l'autre il est facile de l'appliquer à tous ceux qui ne sont pas de notre sentiment : de sorte que ceux qui sont puissants, et par un défaut de la nature humaine, aiment assujettir les autres à leurs opinions, ne manquent guère de se servir du reproche d'opiniâtreté pour noircir et pour décrier ceux qu'ils ne peuvent convaincre d'aucun défaut véritable."
Commenter  J’apprécie          60
Saint Augustin a en effet dénoncé la trop grande confiance que les disciples de Pélage, ce moine breton mort en 520, accordent à l'homme et à la liberté. Face à ce danger, il a insisté sur la toute-puissance de la grâce divine, seule capable de sortir la créature de la misère et de la déchéance auxquelles l'a condamnée la faute originelle. (...)
Le concile d'Orange en 529 reprend à son compte les thèmes augustiniens. Ainsi s'imposent deux idées-forces : la prédestination est gratuite, Dieu prédestine au salut par un décret absolu, mystérieux, arbitraire de sa toute-puissance. Sa grâce est efficace.

Introduction
Commenter  J’apprécie          40
L'ignorance et la puissance font souvent bon ménage.
Commenter  J’apprécie          30
Le verbe croire renvoie à des réalités diverses et contradictoires. Croire c'est à la fois être certain, tenir pour vrai, adhérer avec conviction, mais c'est aussi penser, admettre comme probable, envisager comme possible, et donc ouvrir la voie au doute, à l'opinion et au débat. Le verbe croire recèle de multiples usages.
Commenter  J’apprécie          30
De l’opposition dévote à l’opposition aristocratique, les jansénistes sont de leur temps. De Bérulle à Retz, ils semblent toujours contester le cardinal qui dispose du pouvoir politique. Plus grave encore, ils savent mobiliser l’opinion, cette force aveugle aux yeux du pouvoir, qui se forme dans quelques salons, mais peut aussi entraîner les foules vers des monastères suspects. Ils sont particulièrement dangereux, car ils mettent partout le désordre. N’ont-ils pas réussi à dresser les curés contre les évêques ? N’ont-ils pas l’audace d’en appeler comme d’abus au Parlement ? Relativisant la raison d’État, ils ne peuvent guère adhérer à la volonté absolutiste de la monarchie. Louis XIV n’a aucune intention de les ménager.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          21
Autour du Port-Royal de Paris proliféraient les maisons aristocratiques de grandes dames et de grands seigneurs qui souhaitaient, en vivant au contact des religieuses, profiter de l’atmosphère spirituelle du lieu et se ménager un espace transitoire de retraite en attendant une conversion définitive ; on y voyait l’hôtel de Mme de Guéméné, ceux de la marquise de Sablé, du chevalier de Sévigné, de la duchesse d’Atrie6. Comme pour témoigner de la réputation du lieu, l’église édifiée par Le Pautre en 1646-1647 était une adaptation modeste du style jésuite triomphant. (...)
Mais c’est la maison des Champs qui symbolise le mieux, par son aspect isolé, le modèle port-royaliste. Saint-Cyran avait toujours regretté l’abandon d’un lieu si favorable à son dessein : les lieux « les plus misérables » lui semblaient les meilleurs. Forte de cet encouragement, la mère Angélique avait conservé l’espoir d’un retour. Les premiers Solitaires ayant vaincu le caractère insalubre du site, elle obtint de l’archevêque de Paris l’autorisation de rentrer dans son abbaye.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 2
Commenter  J’apprécie          20
La Logique décrit avec les termes du XVIIe siècle la relativité du monde. (...)
En dépit de Voltaire et de Bolingbroke, La Logique poursuivra son chemin au temps des Lumières et inspirera notamment Locke. En l’espace de quelques mois sont publiés : les Pensées de Pascal (1670) ; deux volumes de Considérations sur les dimanches et fêtes tirées des notes laissées par Saint-Cyran dans sa prison de Vincennes ; les Essais de Nicole (1671) ; et les Instructions chrétiennes tirées par Arnauld d’Andilly de la correspondance de SaintCyran. Après la Logique et la Grammaire (1656), ces Messieurs s’inscrivaient dans la meilleure tradition catholique et classique.

Deuxième partie. Louis XIV et la fabrique des jansénistes
Chapitre 5
Commenter  J’apprécie          10
Polémiquer contre les hérétiques était une constante du monde janséniste, par conviction profonde et aussi parce que, continuellement accusés de relations avec les calvinistes, ils étaient contraints de démontrer leur loyauté catholique.

Deuxième partie. Louis XIV et la fabrique des jansénistes
Chapitre 5
Commenter  J’apprécie          10
Le miracle de la Sainte Épine constitue un temps fort dans la structuration de la spiritualité du groupe port-royaliste. Il y eut un chapelet de la Sainte Épine, avec une prière spécifique pour chaque grain. L’attente du miracle devint quotidienne : il y eut en quelques mois près de quatre-vingts guérisons miraculeuses.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          11
La XVIIe Lettre revient sur le reproche d’hérésie adressé à Port-Royal. Elle conteste l’infaillibilité des papes : « Ce n’est pas une hérésie […] que de ne pas croire certains faits particuliers, parce que ce n’est qu’opposer la raison, qui peut être claire, à une autorité qui est grande, mais qui en cela n’est pas infaillible. »

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          10
Blaise est né à Clermont en 1623 dans une famille de serviteurs de l’État. Son père était président en la Cour des aides, ce qui était une charge anoblissante ; on peut le placer parmi ces bourgeois en ascension sociale qu’Henri IV a protégés. En 1631, la famille s’est installée à Paris, le père vit désormais de ses rentes, fréquente les savants et les érudits, s’occupe lui-même de l’éducation de ses enfants, Gilberte, Blaise et Jacqueline. C’est évidemment un contexte très favorable pour le jeune Blaise, qui manifeste un don pour les sciences hors du commun.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          10
La Fréquente Communion, œuvre collective, combat les jésuites, dénonce le molinisme, et ne se situe pas dans une perspective défensive. Le groupe est dans une dynamique conquérante. Il s’adresse aux dévots, aux savants, aux clercs, mais aussi aux laïcs, aux chrétiens ordinaires. Le fait d’écrire en français est évidemment une particularité notable. Nous sommes passés du temps de Jansénius à celui de Descartes, même si d’un point de vue strictement chronologique le Discours de la méthode date de 1637 et les Méditations métaphysiques de 1641. Nous sommes passés de l’Université à un public plus large, de la théologie à la pastorale. Peut-être est-ce la véritable origine du jansénisme :

La genèse de La Fréquente Communion inaugure ainsi une double tradition de Port-Royal. Elle deviendra l’archétype des futures activités littéraires de Port-Royal, telles la préparation des Provinciales et la traduction de la Bible. Elle amorce, en outre, une littérature polémico-spirituelle sous forme de trilogie sur la foi, la pénitence et la charité.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 1. L'invention d'une hérésie
Commenter  J’apprécie          10
Un homme, Saint-Cyran, une famille, les Arnauld, et un monastère, Port-Royal, ont contribué à ce rayonnement exceptionnel. De tous ces éléments, c’est incontestablement le monastère qui est demeuré inscrit dans la mémoire collective. Si l’on évoque encore le jansénisme de nos jours, on pense immédiatement aux religieuses avec une grande croix rouge, puis parfois on évoque Pascal et Racine. Tout cela renvoie au monastère de la vallée de Chevreuse.

Introduction
Commenter  J’apprécie          10
Les Pensées sont devenues un tel classique de la littérature, un tel monument, qu’elles appartiennent à la culture commune, et l’on cite volontiers l’esprit de finesse et celui de géométrie, l’on évoque la misère de l’homme voué au divertissement comme sa grandeur quand il aspire à l’infini : « Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout… » Cet homme, Pascal le bouscule en permanence, pauvre créature assujettie à la concupiscence, qui se vautre dans l’amour-propre et sombre dans les pièges de l’imagination comme dans les lois du divertissement, l’homme comme un roseau, mais un roseau pensant. L’homme, ni ange ni bête, mais dont le malheur fait que « qui veut faire l’ange fait la bête ».

Deuxième partie. Louis XIV et la fabrique des jansénistes
Chapitre 5
Commenter  J’apprécie          00
Claude Baudrand, une autre novice de Port-Royal, fut elle aussi guérie d’une tumeur abdominale par la Sainte Épine, et bien entendu il y eut le miracle immortalisé par Philippe de Champaigne, lorsque sa fille, Catherine de Sainte-Suzanne, paralysée, fut soudain guérie, à la suite d’une neuvaine entreprise pour elle par la mère Agnès.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          00
Trop souvent assimilés aux calvinistes parce qu’ils partagent avec eux un strict augustinisme, les jansénistes sont parfois vus par la postérité comme des rationalistes à peine catholiques.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          00
Dans cette première étape de la saga janséniste, nous avons déjà rencontré le gallicanisme, les curés et le Parlement. Avec l’influence de Nicole sur Arnauld, nous abordons le lent glissement du mouvement vers le thomisme :

" Imprégné de thomisme, Nicole cherchait le rapprochement avec les dominicains et il eût volontiers abandonné l’augustinisme strict de Jansénius, qui ne lui inspirait aucune sympathie. Sur ce point, son influence sur Arnauld sera considérable et elle explique pourquoi ce dernier, en vieillissant, évoluera de plus en plus vers le thomisme."

Essoufflement des uns, divisions des autres, curieusement, après cette troisième bulle de condamnation, les choses semblent se calmer. Racine décrit ainsi un moment de latence :

" Ainsi les choses demeurèrent en même état où elles se trouvaient avant l’assemblée, tout le monde était d’accord sur le dogme, et ceux qui doutaient du fait, ne se croyant pas obligés de reconnaître plus d’infaillibilité sur ce fait dans Alexandre VII, que dans son prédécesseur. Le cardinal Mazarin lui-même, soit que les grandes affaires de l’État l’occupassent alors tout entier, soit qu’il ne fût pas d’humeur à accorder aux jésuites tout ce qu’ils lui demandaient, ne donna aucun ordre pour exécuter les décisions de l’assemblée, et parut être retombé pour cette querelle dans la même indifférence où il avait été dans les commencements."

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          00
Les Provinciales marquent une étape dans la conquête de l’opinion par les jansénistes. (...) Les jésuites admettent eux-mêmes le succès de leur adversaire. Selon le père Daniel, les lettres ont convaincu leurs ennemis de toujours, mais, fait bien plus grave, elles ont également rallié beaucoup d’esprits qui n’étaient pourtant pas jansénistes.

" Il faut avouer […] que ces lettres ont donné une terrible atteinte à la réputation des jésuites, et qu’elles leur ont débauché un très grand nombre de leurs amis à la Cour, à Paris et dans les provinces. Rien n’a plus grossi le parti de leurs adversaires […]. Ce livre seul a fait plus de jansénistes que l’Augustin de Jansénius et tous les ouvrages de M. Arnauld ensemble. Ce livre a fait plus encore […] il a formé comme un tiers parti en France […]"

Première y. Une passion baroque ?
Chapitre 3
Commenter  J’apprécie          00
La XVIIIe Lettre maintient la fiction d’un débat contre les jésuites en général et le père Annat en particulier, alors que les jansénistes ont été condamnés par toutes les autorités. Mais ces autorités peuvent se tromper – comme en matière scientifique, la condamnation de Galilée n’a jamais empêché la Terre de tourner :

Ce fut aussi en vain que vous obtîntes contre Galilée ce décret de Rome, qui condamnait son opinion touchant le mouvement de la Terre. Ce ne sera pas cela qui prouvera qu’elle demeure en repos ; et si l’on avait des observations constantes qui prouvassent que c’est elle qui tourne, tous les hommes ensemble ne l’empêcheraient pas de tourner, et ne s’empêcheraient pas de tourner aussi avec elle.

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3
& Les Provinciales
Commenter  J’apprécie          00
« Je vous plains, mes Pères, d’avoir recours à de tels remèdes. Les injures que vous me dites n’éclairciront pas nos différends, et les menaces que vous me faites en tant de façons ne m’empêcheront pas de me défendre. Vous croyez avoir la force et l’impunité, mais je crois avoir la vérité et l’innocence » (XIIe).

Première partie. Une passion baroque ?
Chapitre 3.
& Les Provinciales
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Monique Cottret (43)Voir plus


{* *}