Marie-Félicitée est mal à l'aise. Cette enfant, elle la porte comme une faute. Elle et sa mère sont à l'origine de la culpabilité qui la ronge et qui s'alourdit à mesure que les années passent...
Aurait-elle dû prendre personnellement Anne en charge jusqu'au retour de son père, essayer par tous les moyens de le mettre au courant ?
...elle imagine que seule la jalousie d'avoir à partager l'amour paternel l'a guidée, lui fournissant de mauvaises raisons pour éloigner Anne de Jeanne.
Du haut de ses quinze ans, elle commence à attirer les convoitises. Son visage joyeux, sa jeune poitrine haut perché, son corps vigoureux ne laissent bien sûr pas les mâles indifférents.
Mais ces jeunes gens ne se lieront pas. Du moins légalement. Pas de dot. Pas de terres. Pas de bêtes. Pas de père. Pas de mère. Pas même un prénom officiel. Ses origines sont suspectes. C'est une enfant du péché . Venant dont ne sait où.
Anne ne possède rien de ce qu'il convient de posséder.
Une âme charitable leur indique la béate en leur décrivant sa petite maison, l'assemblée, surplombée d'un clocheton et agrémentée d'une croix. Ils s'interrogent sur le crédit à donner à ce renseignement car ils ne connaissent pas de personnages semblable dans leur entourage.