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1.5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Auxerre , le 05.02.1981
Biographie :

PRAG à l'ESPE d'Aix-Marseille Université, docteur en langue et littérature françaises, qualifiée à la maîtrise de conférences, Morgane Leray enseigna huit ans dans les collèges et lycées marseillais, en même temps qu'elle était chargée de cours à l'Université. Depuis 2015, elle se consacre à la formation des futurs enseignants.
Spécialisée en anthropologie de l'imaginaire, elle développe des collections alliant plaisir de lecture, imaginaire et savoir.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
(Extrait de la Lettre 4, Des avantages de devenir grand, à Lyon, mars 1833)
[…]
Du côté de l’école, mes résultats scolaires sont toujours en dents de scie : rien ne me semble vraiment difficile, les professeurs disent que j’ai des facilités, mais ma nature distraite et bavarde me joue des tours… j’ai été dixième en français, puis j’ai dégringolé dans les dernières places, avant de remonter à la quatrième !
J’ai quelque espoir de rendre maman fière de moi…

Bref, mon quotidien s’est globalement amélioré, si ce n’est cet ennui que je ressens en permanence et cette sensibilité aiguë qui me fait percevoir chaque événement, même le plus infime, avec une intensité accrue…
J’ai l’impression de passer d’un claquement de doigts des rires aux larmes, de l’extase à la colère… Tant de sensations, d’émotions me traversent !
Puis, soudain, l’ennui s’abat sur moi comme une chape de plomb. Tout devient alors gris, pesant, ennuyeux… et je rêve de m’échapper, je rêve d’un ailleurs, je rêve d’un autre monde.
Une vie loin de l’école, loin de la laideur du cœur des hommes, des mesquineries et des bassesses ; une vie emplie d’art, d’élégance et de raffinement ; une vie de fantaisie, de joie et de douceur ; une vie de grandeur d’âme et d’élévation de l’esprit !
Je rêve d’un ailleurs où la vie serait toute de liberté et de beauté !

Je voudrais être loin, loin de l’ennui, de la platitude, de l’éternelle répétition d’un quotidien gris…


P. S. :
Je reprends ma lettre et y ajoute un élément : il y a eu du nouveau ! Mais quelle nouveauté ! Quelle horrible coupure dans cette abêtissante routine ! Quel terrible événement !
Cela s’est passé il y a deux jours.
Nous étions à l’étude. Un élève ne comprenant pas une consigne, il demande à un camarade en lui faisant passer un petit mot, qui est intercepté. L’élève s’en explique au surveillant, qui l’a déjà vertement rabroué. L’élève récidive, le ton monte, les explications de l’élève sont prises pour de l’insolence et le surveillant lui hurle de se taire, le rabaisse en l’insultant pis que pendre ! Et voilà qu’il se met à battre l’insurgé, qui se défend à son tour ! Le pion va jusqu’à lui donner des coups de pieds dans les reins ! Quelle roulée !
Mais les brimades ne s’arrêtent pas là…
À l’heure du souper, le surveillant, sans doute vexé de s’être pris lui aussi des coups de pied de l’élève, décide de poursuivre les humiliations : il veut le faire passer en dernier, afin qu’il ne dîne pas à sa faim. Comme si cela ne suffisait pas, il le punit encore ensuite et lui assène des claques ! Notre camarade est en charpie… tout son corps est douloureux, recouvert de bleus ; il a toutes les peines du monde à respirer tant ses côtes le font souffrir…

Hier soir, nous nous sommes discrètement rassemblés en petits groupes, pour ne pas attirer l’attention des surveillants, et avec des guetteurs postés aux endroits stratégiques, pour sonner l’alerte en cas d’approche de l’ennemi : nous ne pouvions laisser passer une telle injustice sans broncher, il fallait réagir, se rebeller, exiger réparation !
Certains élèves opposèrent des arguments frileux : non qu’ils n’étaient pas eux aussi en colère contre cet abus de pouvoir, mais fallait-il pour autant nous mettre tous en danger et risquer le courroux des professeurs, du directeur et des pions, de nos parents ? Leur vindicte serait terrible…
Deux clans se formèrent rapidement : le groupe des « mutins », le plus important et le plus virulent aussi - évidemment, j’en faisais partie ! et celui que l’on nomma le « clan des lèche-culs » . Jamais je ne ferai partie de ces vendus, de ces trouillards qui baissent les yeux devant le fouet !
Le clan des poules mouillées se retira des préparatifs de guerre : chacun retrouva son lit et s’endormit comme il put… avec sa conscience ! Nous, les mutins, nous établîmes une stratégie pour prendre l’adversaire par surprise. Nous décidâmes de réquisitionner en cachette casseroles, grosses cuillers, barreaux de lits, bref : tout ce qui pouvait faire un boucan d’enfer ! Nous exigerions ainsi d’être entendus, nous demanderions justice pour notre camarade, victime d’un scandaleux abus de pouvoir !

Le plan était formidable, grandiose, et le succès assuré !

L’un des nôtres posa toutefois une question qui ébranla l’échafaudage de nos rêves : et si nous échouions ? Si l’ennemi, une fois de plus, nous écrasait sous les coups et les brimades ?
Un grand silence s’imposa dans les rangs… un frisson nous parcourut l’échine…

C’est alors que je pris la parole.
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« Ce n’était sans doute pas l’idée du siècle… », pensa-t-il en descendant un chemin escarpé et glissant qui traversait un bois sombre et glacial. Il s’était laissé piéger par la tombée brutale des nuits d’hiver.

Là-bas, il n’y avait pas d’hiver. Il n’y avait pas non plus d’écran opaque et cotonneux entre la terre et les étoiles.
Là-bas, la voûte céleste permettait à l’œil de voir au cœur de la nuit.
Même ce qui ne devrait jamais être vu.

Il avançait précautionneusement. À défaut d’avoir du réseau, au moins avait-il la lumière de son téléphone portable pour éclairer le chemin caillouteux.
Le sol bleuté était déchiré, de-ci, de-là, par des arêtes de schistes coupantes, comme si des poignards avaient percé la chair de la terre de l’intérieur... comme si l’on avait voulu s’enfuir d’une prison souterraine…

Il s’arrêta net, retint son souffle : un bruit dans les ténèbres végétales.

Son regard tentait de percer leur épaisseur, son ouïe de la sonder, mais les battements de son cœur, l’afflux du sang dans ses tempes avaient soudain recouvert la respiration de la forêt.
Ses oreilles bourdonnaient ; il suffoquait, la sueur perlait. Un goût métallique pesait sur sa langue, emplissait sa bouche.
La main sur l’estomac, plié en deux, il desserra brusquement les lèvres comme pour se délivrer d’un flot amer.
Il aspira à pleine bouche, goulûment, l’air glacial et boisé. Il se redressa et ouvrit grand les yeux : il n’était plus là-bas, le froid humide avait remplacé la moiteur équatoriale, les ombres mouvantes des chênes, des hêtres et des résineux celles des essences exotiques.
Il inspira profondément et reprit sa marche, transi de froid après les suées brûlantes.

La masse sombre des arbres se dissipait progressivement en faveur d’une végétation rase : la forêt laissa place aux marais.
Les flaques d’eau avaient emprisonné un peu de la lumière des étoiles, échappées çà et là de leur gangue de ténèbres. Libéré des frondaisons centenaires, le ciel gros de flocons diffusait une lumière faible et laiteuse sur la lande désolée.
Il s’engagea sur un lacet de planches courant à travers les herbes givrées et les trous d’eau.
Par moment, le froufrou des plantes étiques interrompait subrepticement le sommeil minéral : une vie invisible courait discrètement entre les herbes, volait silencieusement et bas.


Il marchait
entre ciel et terre
ombre éphémère
traversant un monde bien antérieur à la mémoire
des hommes
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