Je me propose de réexaminer l’immigration juive des temps modernes, afin d’étudier les immigrants dans une autre perspective. Plutôt que de m’en tenir à des conflits entre autochtones et immigrés juifs, je préfère montrer que le mouvement ouvrier juif est la conséquence de la condition même d’immigré. Je m’intéresse donc aux immigrés juifs comme travailleurs et à leurs luttes socio-économiques avec leurs patrons eux-mêmes immigrés, bien plus qu’à leurs conflits politiques ou institutionnels avec la communauté juive française
L’arrière-plan de xénophobie et d’antisémitisme, à la fin du XIXe siècle en France, ne pouvait que renforcer la sensibilité des juifs français à ce problème, qui finirent par faire leurs certains thèmes du discours antisémite : les juifs d’Europe centrale et orientale étaient, nous l’avons vu : sales, étrangers, pauvres et peut-être révolutionnaires
Finalement, la solidarité des immigrés, même si elle renforce l’attachement aux valeurs et aux coutumes traditionnelles, est aussi un moyen d’adaptation dans le processus d’installation