À mon grand soulagement, cet homme m'expliqua qu'il comprenait tout à fait ce qui se passait en moi. Il me raconta qu'il avait perdu la vue lors d'un accident de voiture. Juste après la violence de l'impact, il s'était retrouvé hors de son corps et avait observé d'en haut toute la scène de l'accident. Ces images étaient les dernières qu'il avait enregistrées de ce monde. Il m'expliqua également, à l'instar de ce que disent les yogis, que la nuit, notre corps énergétique sortait de notre corps physique pour aller dans d'autres mondes échappant à notre rationalité. J'avais déjà entendu parler de tout cela et j'étais assez ouverte d'esprit pour considérer que cela pouvait être une réalité. Pour autant, je ne comprenais pas pourquoi je me réveillais avec une telle angoisse dans ce qui me semblait effectivement être un retour de ma conscience dans mon corps.
Je me réveillai brusquement en pleine nuit, sursautant dans mon lit et me retrouvai assise, le coeur battant, en proie à une angoisse telle que je n'en avais jamais connue ! La pensée envahissante et terrible qui m'assaillait était la constatation que j'étais emmurée vivante, bloquée, coincée dans mon corps comme dans un cercueil !
J'avais évidemment plus ou moins pensé que quelque chose ne tournait pas rond en moi et ça n'était pas vraiment un scoop de savoir que je n'aimais pas ma vie. Seulement à ce moment-là, je compris l'intensité de mon chagrin. Au fond de mon coeur, je réalisai que je hurlais ma douleur de vivre et mon refus d'être incarnée.
J'avais à ce moment-là une sensation très étrange : je sentais que j'étais une sorte d'énergie illimitée, comme un océan infini, obligée de se réduire à la taille d'une goutte d'eau, à travers ce corps qui était le mien.