Les associations religieuses sont omniprésentes dans les villes canadiennes. Elles se mêlent de tout, aussi bien des détenus qui sortent de prison que des démunis qui ont besoin d'aide ou des enfants en difficulté qui ne reçoivent pas d'éducation. En contrepartie, elles exigent une adhésion totale à leurs préceptes, à leurs rites religieux et un dévouement sans faille à leur cause. Puisqu'elles en redemandent, l’État se décharge volontiers sur elles de ces problèmes lourds et coûteux. Quel bénéfice pour les finances publiques ! Du coup, pas question non plus de mettre le nez dans leurs affaires. Pas question non plus de réglementer leurs actions, aussi controversées soient-elles. On leur octroie même un bonus : tout don versé étant déductible des impôts, ces organismes pseudo-religieux bénéficient du statut d'associations caritatives.
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Les magistrats s'en sont tenus à la lecture des textes, sans se soucier du quotidien des enfants, de leur vécu, de leur situation, de leur éducation, de leur avenir, de leurs souffrances, de leur désarroi. Seule la loi compte ! Pour l'avoir contestée au nom de mon devoir de mère, les tribunaux m'ont embastillée, baîllonnée, bastonnée. Puis on m'a mis en main le plus abject des marchandages : si je voulais recouvrer la liberté et retourner vivre en France parmi les miens, je devais renoncer à voir mes deux enfants revenus au Canada. On me permettait de vivre en m'infligeant un deuil, car c'est bien d'un deuil qu'il s'agit, le plus horrible d'entre tous : celui de mes enfants.
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J'ai suivi un homme en Colombie-Britannique pour le meilleur et pour le pire ; j'ai connu le meilleur, je m'arrangerai avec le pire.
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