Nathalie Larpent

Quand j'arrête ma voiture devant le 29 rue des Lilas, je remarque immédiatement que quelque chose ne va pas. Les volets de la maison sont fermés, un rai de lumière artificielle filtre sous la porte d'entrée et le chat Misaine se frotte nerveusement contre mes jambes en miaulant de façon pathétique. Plutôt frileux, il semble pourtant que Misaine ait passé la nuit dehors. J'actionne la poignée de la porte pour entrer. D’ordinaire ouverte à mon arrivée, ce matin, elle reste close. Je frappe et appelle en espérant percevoir les pas hésitants de la propriétaire.
— Madame, Parterre, êtes-vous levée ?
Pas de réponse. Heureusement, je connais la cachette secrète de la clé de secours. Je contourne la maison, Misaine, incrédule, sur mes talons et je soulève le pot de lavande desséchée, camouflé, discrètement, au milieu d'un carré de jonquilles. La clé à la main, je me précipite vers le seuil, ouvre la porte délicatement et entre. Le hall est plongé dans le noir. Seule la cuisine, située au bout du couloir, est allumée. Je m'y précipite en continuant à appeler d'une voix forte et claire.
— Mme Parterre, est-ce que tout va bien ?
En pénétrant dans la pièce, je découvre que non, Mme Parterre ne va pas bien. À quatre-vingt-neuf ans, en chemise de nuit, elle gît sur le dos, son déambulateur renversé à ses côtés.