Je trotte à son côté comme autrefois, les yeux fixés sur son profil. Sa tête dure, tendue en avant, semble fendre l'air comme une proue. Non, pas une proue: quelque chose de hideux. Sa tête, au bout de son cou rigide projeté en avant, fait penser à une tête de gargouille. Mais non, pas cela non plus. Ces mots maintenant ont un goût insipide, un goût fade, légèrement écœurant... Du réchauffé... Je sens bien que c'est malgré moi, par habitude, par excès de fatigue, machinalement, que je me bats encore les flancs. Je ressemble à ces coureurs cyclistes qui, la course terminée, assis dans un fauteuil, continuent, sans pouvoir s'arrêter, à remuer les jambes comme s'ils étaient encore sur les routes en train de pédaler.