Dissidences Algériennes est un de ces ouvrages trop rares, somme importante et imposante que nous devons au politologue Nedjib Sidi Moussa auteur de nombreux ouvrages dont La Fabrique du musulman [Libertalia, 2017] (nous vous recommandons par ailleurs son site) qui, au travers de cette anthologie, a su rassembler, présenter et organiser de manière claire et limpide un ensemble de textes de militant·es algérien·nes qui jusque-là restaient inconnus aux profanes. Geste fondamental et nécessaire permettant de (re)mettre en lumière une histoire ignorée de certain·es révolutionnaires algérien·nes.
Entre récurrences des histoires et dynamique de l’Histoire
L’initiative est simple, rassembler un « héritage fragmenté », Nedjib Sidi Moussa nous « donn[ant] à lire quatre-vingt-quatorze textes publiés par des groupes communistes et socialistes algériens », disons-le de suite, nous ne les avons pas simplement lus, nous les avons découverts, ces textes qui tracent un parcours, un long périple qui s’étend de décembre 1962 à novembre 2019 ; 56 ans d’Histoire. 56 années amorcées par le premier document sélectionné par Nedjib Sidi Moussa, un bilan de l’Algérie à l’aube de son indépendance, œuvre d’un groupe de militants de l’ANP [Armée Nationale Populaire], faisant d’ores et déjà état des ingérences du tout nouveau pouvoir. « Le bureau politique se conduit comme le gouvernement véritable sans avoir été l’objet d’une libre ratification »[p.14], les violences aussi sont déjà là : « Les dernières arrestations des militants révolutionnaires habilement mélangées avec celles de profiteurs et de voyous». [Idem]. Le groupe dresse également les actions à entreprendre pour envisager une Indépendance véritable, avec cette question qui, malgré les décennies, reste d’une brûlante actualité : «il s’agit des rapports entre les Algériens eux-mêmes, entre ceux qui s’approprient le pouvoir politique et les autres, entre ceux qui possèdent la terre et ceux qui la travaillent, entre ceux qui vivent largement et ceux qui chôment.» [p.15] Préoccupation qui traverse l’ensemble des textes (selon des modalités, des approches et des tons différents ; on la retrouve même dans le dernier texte sélectionné par Nedjib Sidi Moussa, publié dans El Khatwa Oumalia [1] journal du PST [Parti Socialiste des Travailleurs] qui fait suite aux manifestations du 1er novembre 2019 en réponse aux élections organisées suite à la destitution de Abdelaziz Bouteflika.
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