Négar Djavadi

Durant une grande partie de mon adolescence, chaque après-midi en revenant du lycée, au moment de mettre la clef dans la serrure, avant de la tourner, une voix surgissait dans ma tête et me figeait sur place : es-tu vraiment capable d'ouvrir cette porte ? Arriveras-tu à supporter ce que tu vas voir sans mourir sur le coup ? C'est seulement quand je me supposais prête, quand je sentais que mon coeur ne me lâcherait pas, que j'ouvrais. Parfois, je restais de longues minutes sur le palier, la clef dans la main, incapable de faire un pas de plus.