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Citation de MarianneDesroziers


Je me souviens de la forme de son corps sous les draps et de la tête qui ne sortait qu’à moitié comme un chat en boule sur l’oreiller, un débris de mère qui s’aplanissait lentement, il n’y avait là que ses cheveux pour indiquer sa présence, pour la différencier des draps qui la recouvraient, et cette période de cheveux a duré des années, trois ou quatre ans peut-être, enfin il me semble, ce fut pour moi la période de la Belle au bois dormant, ma mère s’offrait là une vieillesse souterraine alors que je n’étais plus tout à fait une enfant ni encore une adolescente, alors que j’étais suspendue dans cette zone intermédiaire où les cheveux commencent à changer de couleur, où poussent sans prévenir deux ou trois polis noirs dans le duvet doré du pubis, et je savais qu’elle ne dormait pas complètement, qu’à moitié, on le voyait dans sa façon d’être raide sous les draps trop bleus, trop carrés dans sa chambre trop ensoleillée, les quatre grandes fenêtres qui entouraient son lit et qui jetaient sur la tête des faisceaux lumineux, rectilignes, et dites-moi, comment peut-on dormir avec des rais de lumière sur la tête et à quoi ça sert d’avoir tant de soleil dans sa chambre lorsqu’on dort ?
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