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Citation de Charybde2


Chih poussa un cri quand Si-yu sauta du dos de son mammouth la tête la première vers la chaussée, où elle allait s’éclater la cervelle. C’est alors que l’archiviste remarqua la semelle de l’éclaireuse, toujours sous ses yeux, et le reste qui pendait le long du flanc de l’animal. Le pied de Si-yu était pris dans l’une des lanières fixées à la selle, replié tel un crochet pour la retenir.
Le temps suspendit son vol et l’expérience de Chih lui fit remarquer les coutures des bottes de Si-yu, réalisées avec des tendons d’une teinte verte fanée. En se penchant, elle vit que l’éclaireuse avait attrapé au vol l’homme étendu à terre et s’y cramponnait du mieux qu’elle pouvait tout en criant un ordre à Piluk. Le mammouth tourna vivement la tête, sa trompe vola en arrière et Chih tressaillit quand le lourd appendice entra en contact avec la cavalière. Un instant, l’adelphe crut que Si-yu et son fardeau avaient été propulsés au loin sous la violence du choc, mais il comprit bientôt que celui-ci avait au contraire aidé l’éclaireuse à se remettre en selle tout en soulevant l’homme, terriblement immobile.
« Attrape-le ! glapit Si-yu. Adelphe, aide-moi ! »
L’appel au secours arracha l’archiviste à son hébétude. Elle aida l’éclaireuse à hisser son fardeau, d’une légèreté surprenante, qui tenait moins de l’homme que du fagot de brindilles sous sa toison. Au bout du compte, il se retrouva étendu à plat ventre sur les genoux de Chih. La corne de la selle lui aurait douloureusement meurtri l’abdomen s’il avait été conscient, mais il ne l’était pas. Si-yu, quant à elle, s’employait à diriger vers la grange son mammouth, qui continuait sa course dans un grand barrissement.
Chih sentait Piluk trembler et cahoter sous lui, et il grimaça quand le mammouth jeta la tête d’un côté puis de l’autre pour affronter les rugissements qui inondaient le crépuscule. Elle avait mal aux doigts à force d’agripper l’homme qu’avait secouru Si-yu, mais elle tint bon. Il ne fallait surtout pas tomber.
La grange était une lourde construction de rondins empilés ouverte sur un côté. Elle était assez spacieuse pour que le mammouth y prît largement place et assez haute pour qu’il suffît à ses cavaliers de baisser légèrement la tête pour se glisser sous son toit. Quand elle atteignit la bâtisse, Piluk courait à fond de train, les oreilles déployées, en poussant des barrissements furieux.
Pendant un instant, Chih aperçut l’éclat de deux yeux ronds dans le noir. Alors le tigre jaillit de la grange, à ras de terre comme un python, en évitant habilement les larges pieds de Piluk.
« Ils n’attaqueront jamais Piluk ni aucun autre mammouth de front, déclara Si-yu. Ils ne s’y risqueraient pas. Nous serions autant à l’abri que des œufs de keppi si nous avions deux autres éclaireurs avec nous. Même mon oncle et sa Nayhi suffiraient. Jamais ils n’oseraient s’en prendre à nous. »
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