Douloureuse chute de neige
Avec une indifférence, avec une absence
tu briserais mes regards, et eux –
un œil verdâtre d’eau, un œil fugitif
de glace –
affolés chercheraient un appui,
et n’en trouveraient pas.
L’hiver qui ameute par les airs
les vents affamés, coiffés de têtes de loups
mordrait mes regards égarés, en arracherait
tes corps longuement aimés, caressés,
flairés, contemplés.
Et sur la ville, sur les voies ferrées,
sur les forêts, sur les fleuves
tomberait une douloureuse neige de corps
diaphanes, suaves, imaginaires, et personne
n’en devinerait rien.
Moi seul, te cherchant par le monde,
lèverais mes yeux aveugles et bleus
l’un par-delà le Kamtchatka, par-delà le Groenland,
l’autre par-delà l’Atlantique, par-delà le Pacifique…
(Traduction du roumain Aurel George Boeșteanu)