Nick Hannes

+++++++ LE JARDIN DES DÉLICES +++++++



Après avoir roulé sa bosse pendant 2 ans dans les anciennes républiques de l'URSS, voilà que le jeune photographe anversois, Nick Hannes, nous invite à l'accompagner dans un autre "absurdistan" : l'émirat arabe de Dubaï !



Pour "déguster" cette création aberrante des cheikhs du pétrole, où à mon grand étonnement le footballeur légendaire Zinédine Zidane passe avec son épouse Véronique et ses 4 fils en ce moment des vacances, vous n'avez pas à voyager si loin. Il vous suffit d'aller jeter un coup d'oeil au Musée du Prado à Madrid sur la peinture monumentale de Jérôme Bosch, intitulée justement "Le Jardin des délices".



Nick Hannes, lorsqu'il n'est pas en vadrouille pour fixer avec son appareil-photo les choses irréelles de notre vaste univers, est professeur à l'académie royale des beaux-arts de Gand. En 2007-2008, il a traversé les 15 républiques russes en faisant joyeusement des photos de tout ce que ces nouveaux États avaient d'insolite à montrer. Son ouvrage "Red Journey" lui a valu le Nikon Press Award.

Avec son pote, Michel de Cock, pendant 4 ans, il a fait le tour de la Méditerranée et ne s'est pas contenté à prendre des sages images d'Épinal. Les années 2010-2014 furent bien sûr une période rude: la fin du printemps arabe, les réfugiés politiques à Lampedusa, les troubles en Libye, à la frontière israélo-libanaise, etc. Sa "Méditerranée : La continuité de l'homme" a été une belle réussite.



L'auteur ne perd pas son temps en de longues explications pour démontrer jusqu'où la manne des pétrodollars, l'opulence ostentatoire, l'apport des businessmen d'un style nouveau sans grande culture et la masse de profiteurs de tout gabarit peuvent conduire : le shopping de (l'extrême ) luxe, les spéculations effrénées immobilières. Pour les sujets de l'émir de Dubaï, Mohammed bin Rachid Al Maktoum (né en 1949), tout est permis à condition que ce soit plus grand, plus haut, plus large et surtout plus cher. Simple exemple : la tour plus haute du globe, Burj Khalifa, avec ses 211 étages et 828 mètres de hauteur. De quoi rendre jaloux un certain Trump qui voit aussi très grand.



Si l'on peur se poser des questions relatives à l'utilité de l'implantation de "fake" baobabs, la réplique d'une mosquée persane devenu un bête café Starbuck, la villa sous-marine "Floating Seahorse", la boîte de nuit désignée par Giorgio Armani, le chalet de ski, où des rencontres avec des pingouins géants peuvent être réservées, l'hôtel pour chiens avec des suites, munis de webcam et écran de télé plasma, pour 53 € la nuit etc. , il faut admettre que ces "créations" diverses ne font du mal à personne sans pour autant embellir l'atmosphère. El l'aéroport de Dubaï offre de sérieux avantages aux voyageurs internationaux.



Comment vivent les travailleurs et bonniches d'Extrême-Orient (Pakistan, Chinois, Indiens...) n'est pas abordé dans ce livre, puisque ce sujet venait de faire l'objet un reportage véhément par la télévision britannique (abus entre autres sexuels, délais inadmissibles de paiement de salaires...).



L'ouvrage est le produit d'une coopération entre Hannibal Publishing de Belgique et André Frère Éditions de France.

Les 87 grandes photos sont introduites par des "Notes - Dubaï, 2016-2018", traduites en Français par Anne Laure Vignaux. Nick Hannes a remporté pour les photos le prix "Magnum Photography" et "Zeiss Photography Award" 2018.

Il s'agit donc d'un livre richement illustré, mais un peu onéreux : 40,50 euros (prix client !).