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Citation de Piling


Je commençais à savoir manger à la japonaise, il m'a donc fallu apprendre à ne plus manger du tout. Dans les deux mois qui ont suivi la guerre, quand on prenait d'assaut les trains dans la campagne pour aller échanger les dernières reliques familiales contre deux navets ou trois œufs, tous mes voisins d'Arakicho ont dû passer par là. Un apprentissage complète d'ailleurs heureusement l'autre et, pour le voyageur, c'est le meilleur moyen de vaincre les dernières réticences qu'inspire une cuisine étrangère. Au bout d'une semaine de diète, les fumets et saveurs qui me paraissaient suspects il n'y a pas si longtemps encore, me vont droit à l'estomac. Sitôt qu'il en sera de nouveau question, je mangerai de tout : du daïcon, du renkon, gros navets jaunes obscènes au goût fort et suri que l'on fait macérer dans la saumure, du bouillon d'algues, de la limule crue (tabiebi) débitée en rondelles, de ces gros coquillages noirâtres (sasae) dont le saké n'enlève pas l'amertume, même le misoshiro, la soupe aux fèves rouges du petit déjeuner dont le fumet aigre et brûlé m'a si souvent soulevé le cœur, je l'aime à distance. Je suis acclimaté.
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