Ô
"Ô",
Une lettre,
Une forme
Ronde,
Pleine,
Entière,
Silencieuse,
Féminine,
Offerte au très "Ô"
Telle une prière posée,
Intemporelle,
S'élevant dans la nuit des temps
Telle un porte, l'antre, l'ove et l'entrée au mystère élevé de la femme,
Ô toi, voûte céleste bénie d'étoiles..
Belle encre noire
Matière froide et sans vie,
Tu l'étais il y a peu
Et je crains qu'en pure perte
Je t'en sorte un petit peu,
En effet, toute inerte
Tu l'étais sous les cieux,
Et maintenant sous ma plume,
Toute légère tu t'allumes,
D'une vie chaude tu éclaires
Mon visage éphémère,
Toute mon âme crépitante.
Lettres-flammes rougeoyantes
S'entretiennent un instant,
Se consument doucement
Puis s'emportent dans le vent,
Elles s'éteignent derrière moi,
Lentement, en l'état,
Formes-flammes statufiées,
Corps et âmes refroidies
En leur cœur endormies.
Restées là et figées,
Elles n'étaient que du vent,
L'illusion d'un instant,
La mémoire du passé,
D'un esprit infusé.
Chante encore l'ossature,
Danse encore l'écriture
Comme une ronde éternelle
Allumée jusqu'au ciel.
Et sur cette tombe, quel nom demeure?
Fut-elle chérie, bénie de fleurs?
Ou délaissée, abandonnée?
Foutue fleur
..
Et voilà !
Je te tiens
Dans mes bras,
Dans mes mains,
Pour de rien !
Je n’y peux rien,
Te voilà sous mon nez,
De nouveau tu me séduis,
Tu me prends sans un bruit,
Ton odeur délicate
Me laisse là, désarmé,
L'âme à nue à tes pieds.
Oh si simple et si vraie,
Je suis à toi sans forcer,
Je communie, je suis heureux
De te voir, te sentir
Un instant, de rester là,
De communier avec toi,
De profiter de la vie
En silence et ravi,
De résonner d'âme à âme,
De réentendre corps et âme
La prière du vivant,
Vérité au dedans,
Ta guidance, ta lumière
Pleine entière, ô Terre-Mère.