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Citation de RAMSES1967


1. Mai 1995. Jacques Chirac est élu président : une foule enthousiaste s'approprie le bas des Champs-Elysées. Au peuple de gauche rassemblé place de la Bastille le 10 mai 1981, celui de droite peut enfin rendre la monnaie de sa pièce. La victorieuse célébration est organisée place de la Concorde, choisie pour susciter l'évocation, chez tous nos meilleurs spécialistes, des épisodes les plus embléma­tiques sinon de l'histoire de France récente, au moins de la trajectoire gaullienne (au premier rang desquels la descente d'août 1944 et la remontée du 30 juin 1968).
12 juillet 1998. La France gagne, «chez elle» et «en banlieue», sa première coupe du monde de football. La «plus belle avenue du monde» est de nouveau envahie : l'événement suscite une étonnante célébration médiatique et politique achevant de constituer «l'épopée des Bleus» en symbole d'une France «black-blanc-beur». La leçon est là : «l'intégration républicaine» que l'on disait si mal en point s'est pourtant offerte aux yeux de tous à l'occasion d'un triomphe élyséen aussi bon enfant que multiculturel. Le Nouvel Observateur titre : «Nous nous sommes tant aimés».
21 avril 2001. La France gagne toujours, dans l'emblématique Stade de France, contre l'Algérie. Las, la Marseillaise est cette fois sifflée et des drapeaux algériens envahissent le terrain. L'événement suscite un déploiement de prises de parole presque aussi spectaculaire que lors de la victoire de 1998 : questions à l'Assemblée, éditoriaux, reportages, dissertations sur le refoulé algérien, etc. Le Nouvel Observateur titre : «Où vont les Beurs ?».

5 mai 2002. Jacques Chirac est réélu. Plus de Concorde, toute la République. Pourtant la place ne ressemble en rien à ce qu'étaient les fontaines concordataires sept ans plus tôt : les images télévisées montrent une foule manifestement plus bellevilloise que Bon Marché, qui plus est piquée de drapeaux algériens, marocains ou palestiniens. En outre, depuis plusieurs semaines, on avait beaucoup parlé des crachats lancés sur le chef de l'Etat par des «jeunes de banlieues». Est-ce la raison pour laquelle les commentateurs de la soirée électorale restèrent longtemps silencieux avant de se résoudre, comme à regret, à émettre de bien timides exégèses des images qui leur parvenaient ?
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