Normalement, les Américains sont bavards, crédules. Exagérément tourmentés par le remords, ils ne lui donnent pas autant de difficultés car leurs bonnes manières les obligent à se montrer bienveillants. Mais ce couple-là ne doit pas appartenir à la même espèce. Peut-être vient-il d’ailleurs, tout compte fait. Pourtant seuls les touristes américains sont accoutrés comme s’ils partaient en safari, surtout les hommes avec leurs brodequins, leur pantalon de treillis et leur appareil photo semblable à des jumelles.
« J’ai des bouffées de chalè, et cette canicule n’arrange rien », se lamente Delores, alors que la femme s’approche des paniers tressés.
Cette phrase fait réagir la touriste – elle esquisse un sourire qui semble indiquer qu’elle la comprend et confirmer l’existence d’une condition féminine universelle. La voilà enfin qui tripote ses billets étrangers, comme si elle rechignait à s’en séparer.