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Citation de MegGomar


P: Comme je l’ai déjà souligné, sans perspective historique et sans
connaissance des faits, on accepte sans broncher l’image négative que le
monde et les Israéliens donnent des Palestiniens. Prenons l’exemple du
prétendu terrorisme palestinien, qui, selon les Israéliens et certains
Occidentaux, a surgi de nulle part: «On ignore pourquoi ces gens sont
violents. Peut-être parce qu’ils sont musulmans, ou en raison de leur culture
politique.» Quand on connaît l’histoire, on interprète le phénomène
autrement: «Attendez un instant. Je connais les causes de toute cette
violence. […] Quelqu’un qui s’établit chez moi par la force commet un acte
de violence. Je peux avoir tort ou raison de résister par la violence, mais
tout a commencé par l’invasion de mon lieu de vie, une invasion
accompagnée d’une volonté de se débarrasser de moi. Que puis-je faire
d’autre?» La dimension historique permet avant tout de comprendre
pourquoi le conflit s’éternise. Et on n’arrivera jamais à transformer
l’opinion des gens sur la Palestine si on ne leur explique pas en quoi
l’information est manipulée. Il importe de savoir interpréter des idées
reçues comme «processus de paix», «seule démocratie du Moyen-Orient»,
«primitivisme palestinien», etc. On doit comprendre que ces expressions
participent d’une manipulation du savoir qui favorise un certain point de
vue au détriment d’un autre.
La tâche est double. On doit connaître l’histoire comme telle, mais
aussi la façon dont les récits ont été construits et sont manipulés, afin de se
donner les moyens de les contester. Le principal récit que les Israéliens
parviennent encore à véhiculer décrit un territoire qui, bien qu’il fût habité,
l’était par des gens qui n’y étaient pas vraiment attachés et dont la présence
était illégitime. Illégitime parce qu’ils sont un peu Bédouins et nomades, si
bien que le territoire n’a guère d’importance à leurs yeux, parce qu’ils sont
violents ou, après le 11-Septembre, parce qu’ils sont musulmans. Israël
ressort sans cesse cette litanie de mots et d’idées: quoi que fassent les
Israéliens, l’opinion qu’on en a n’importe guère, car le camp adverse n’a
rien de légitime à proposer; tout repose sur la bienveillance des Israéliens.
Quand on examine attentivement le langage des négociations de paix qui
ont cours depuis Oslo (et même antérieurement), on constate qu’il y est
toujours question de concessions de la part d’Israël. Des concessions. Si les
Israéliens font des concessions aux Palestiniens, la paix aura des chances de
s’installer. Avec pareille base de négociations, toute réconciliation est
impossible. «J’ai envahi votre demeure, mais je suis assez généreux pour
vous laisser revenir prendre votre canapé avant de vous envoyer vous
installer ailleurs.» Peu propice à la résolution d’un conflit, cette attitude est
presque plus humiliante que l’invasion elle-même.
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