Noam Chomsky, Fabian Scheidler : La fin de la mégamachine. Une civilisation en voie deffondrement.
Si la liberté d'expression se limite aux idées qui nous conviennent, ce n'est pas la liberté d'expression.
J’essaie d’encourager les gens à penser de façon autonome, à remettre en question les idées communément admises. Ne prenez pas vos présomptions pour des faits acquis. Commencez par adopter une position critique envers tout idée « politiquement correcte ». Forcez-la à se justifier. La plupart du temps, elle n’y arrive pas. Soyez prêts à poser des questions sur tout ce qui est considéré comme un fait acquis. Essayez de penser par vous-même. Il y a beaucoup d’information en circulation. Vous devez apprendre à juger, à évaluer et à comparer les choses. Il vous faudra faire confiance à certaines choses, sinon vous ne pourriez pas survivre. Mais lorsqu’il s’agit de choses importantes, ne faites pas confiance. Dés que vous lisez quelque chose d’anonyme, il faut se méfier.
Si nous avions un vrai système d'éducation, on y donnerait des cours d'autodéfense intellectuelle.
Tout gouvernement a besoin d’effrayer sa population et une façon de le faire est d’envelopper son fonctionnement de mystère. C’est la manière traditionnelle de couvrir et de protéger le pouvoir : on le rend mystérieux et secret, au-dessus de la personne ordinaire. Sinon, pourquoi les gens l’accepteraient-ils ?
Parmi les gens qui ont appris quelque chose du dix-huitième siècle […], il va de soi, sans même qu'on songe à le discuter, que la défense du droit à la libre expression ne se limite pas aux idées que l'on approuve, et que c'est précisément dans le cas des idées que l'on trouve les plus choquantes que ce droit doit être le plus vigoureusement défendu. Soutenir le droit d'exprimer des idées qui sont généralement acceptées est évidemment à peu près dépourvu de signification.
"On avait parfaitement compris, longtemps avant Georges Orwell, qu'il fallait réprimer la mémoire. Et pas seulement la mémoire, mais aussi la conscience de ce qui se passe sous nos yeux, car, si la population comprend ce qu'on est en train de faire en son nom, il est probable qu'elle ne le permettra pas."
Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout...
La véritable éducation consiste à pousser les gens à penser par eux-même.
Les intellectuels ont un problème : ils doivent justifier de leur existence. Or il y a peu de choses concernant le monde qui sont comprises. La plupart des choses qui sont comprises, à part peut-être certains secteurs de la physique, peuvent être exprimées à l'aide de mots très simples et dans des phrases très courtes. Mais si vous faites cela, vous ne devenez pas célèbre[...] les gens ne révèrent pas vos écrits. Il y a là un défi pour les intellectuels. Il s'agira de prendre ce qui est plutôt simple et de le faire passer pour très compliqué et très profond. Les intellectuels interagissent comme cela. Il se parlent entre eux, et le reste du monde est censé les admirer, les traiter avec respect, etc. Mais traduisez en langage simple ce qu'ils disent, et vous trouverez bien souvent ou bien rien du tout, ou bien des truismes, ou bien des absurdités.
Nous pensons qu'entre autres fonctions, ces médias se livrent à une propagande qui sert les intérêts des puissantes firmes qui les contrôlent en les finançant et dont les représentants sont bien placés pour orienter l'information. Une telle intervention est généralement assez subtile : elle passe par la sélection de tout un personnel bien-pensant et par l'intériorisation, chez les journalistes et les rédacteurs, de certaines définitions de ce qu'il convient d'imprimer en priorité, conformément à la ligne politique de l'institution.