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Citation de MegGomar


Il en ressort clairement qu’Israël mène une politique génocidaire. Cette
politique graduelle d’assassinat de masse découle moins d’intentions
cruelles qu’elle n’est le résultat inévitable de la stratégie globale d’Israël à
l’égard de la Palestine en général et des territoires occupés depuis 1967 en
particulier.
Il importe d’en souligner le contexte, dont la propagande israélienne
fait inlassablement abstraction en resservant le prétexte ayant justifié les
vagues précédentes de destruction pour légitimer une nouvelle frénésie
meurtrière aveugle en Palestine.
La stratégie sioniste qui consiste à vendre ses politiques inhumaines en
les présentant comme une réponse ad hoc à telle ou telle action des
Palestiniens remonte aussi loin que la présence même des sionistes en
Palestine. On l’a invoquée à maintes reprises pour justifier le projet de bâtir
une Palestine qui compterait très peu d’autochtones palestiniens, voire
aucun.
Les méthodes appliquées pour atteindre ce but ont évolué au fil des
ans, mais la formule de base est restée la même: quelle que soit la forme
qu’on souhaite lui donner, l’État juif envisagé par les sionistes ne pourra se
concrétiser que s’il abrite un nombre insignifiant de Palestiniens.
Aujourd’hui, le projet prend la forme d’un Israël qui s’étendrait sur presque
toute la Palestine historique, où vivent toujours des millions de Palestiniens.
Comme toutes celles qui l’ont précédée, la vague génocidaire actuelle
a aussi une cause plus immédiate. Elle s’inscrit dans une tentative de
contrecarrer la décision palestinienne de former un gouvernement d’unité
nationale, décision que même les États-Unis ne pourraient contester.
L’échec de l’initiative de «paix» lancée en désespoir de cause par le
secrétaire d’État des États-Unis John Kerry a conféré une légitimité à
l’appel qu’ont lancé les Palestiniens aux organisations internationales pour
faire cesser l’occupation. Au même moment, les Palestiniens ont bénéficié
d’une large approbation internationale pour leur tentative prudente, incarnée
par le gouvernement d’unité, d’élaborer une stratégie coordonnée entre les
divers groupes palestiniens, dont les priorités ne sont pas les mêmes.
Depuis juin 1967, Israël cherche à conserver les territoires qu’il occupe
sans accorder à leurs habitants palestiniens la citoyenneté et les droits qui
en découlent, et participe à un «processus de paix» qui se résume à une
mascarade destinée à dissimuler sa politique unilatérale de colonisation et à
gagner du temps.
Au cours des dernières décennies, Israël a établi une distinction entre
les zones qu’il souhaite gérer directement et celles qu’il entend contrôler
indirectement. Son objectif à long terme consiste à réduire la population
palestinienne au plus strict minimum en ayant recours, entre autres moyens,
au nettoyage ethnique, à l’étranglement économique et au confinement
géographique. C’est ainsi que la Cisjordanie a été subdivisée en zones
«juives» et «palestiniennes», une réalité avec laquelle la plupart des
Israéliens sont à l’aise dans la mesure où les habitants palestiniens des
bantoustans acceptent leur incarcération dans ces prisons géantes. La
situation géopolitique de la Cisjordanie donne l’impression, du moins en
Israël, qu’il est possible d’atteindre cet objectif sans craindre un troisième
soulèvement ou de trop vives condamnations de la communauté
internationale.
La bande de Gaza, elle, ne pouvait se prêter aussi facilement à une
telle stratégie en raison de sa situation géopolitique particulière. Depuis
1994, et surtout depuis le mandat d’Ariel Sharon comme premier ministre
au début des années 2000, Israël a entrepris de ghettoïser Gaza, dans
l’espoir de voir ses 1,8 million d’habitants sombrer dans l’oubli, pour de
bon.
Mais le ghetto s’est montré rebelle et a exprimé son refus de vivre dans
des conditions marquées par l’étranglement économique, l’isolement, la
misère et la famine. Jamais l’annexion à l’Égypte n’a été possible, en 1948
comme en 2014. En 1948, Israël a entassé dans la région de Gaza (avant
qu’elle ne soit réduite à une «bande») des centaines de milliers de réfugiés
chassés du nord du Néguev et de la côte sud dans l’espoir de les voir
s’éloigner le plus possible de la Palestine.
Après 1967, Israël a tenté pour un temps de maintenir la Cisjordanie
dans un statut de township, ce qui lui donnait accès à un bassin de main-
d’œuvre non qualifiée, privée de ses droits fondamentaux. Après que le
peuple eut résisté à l’oppression en menant deux intifadas, la Cisjordanie a
été fragmentée en minuscules bantoustans cernés par des colonies juives,
mais pas la bande de Gaza, trop petite et trop densément peuplée. Les
Israéliens ont été pour ainsi dire incapables de «cisjordaniser» la bande. Ils
l’ont donc bouclée à la manière d’un ghetto. Lorsque ses habitants se sont
mis à résister, l’armée a été autorisée à les écraser à l’aide de son arsenal le
plus meurtrier. Le résultat inéluctable d’une telle réaction cumulative peut
être qualifié de génocidaire.
[Ce livre a été publié en 2016, soit 7-8 ans avant l'intensification actuelle (2023-2024) du génocide. La logique génocidaire en Palestine n'est pas nouvelle.]
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