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Citation de mimo26


J’ai mon petit rituel avant de me coucher et même dans l’état lamentable dans lequel je suis il faut que je l’accomplisse. J’allume la télé – j’étais contre le fait d’en avoir une dans la chambre, Chloé était pour –, je m’installe sur le lit et saisis une plaquette de médicaments dans le tiroir de ma table de nuit. Je glisse deux somnifères sous ma langue, toujours deux au début. Puis j’enfile les écouteurs de mon MP3 et envoie un album de Cannibal Corpse à plein volume. Après deux, trois chansons, je place trois comprimés de plus sous ma langue.

Lorsque les couleurs du poste de télé deviennent plus vives et que je commence à voir double, je me relève pour me rendre dans la cuisine. J’adore cette sensation de flottement quand je descends les escaliers.

J’entends vaguement Cath et Pierre en plein ébats. Je repense soudain au SMS que j’ai reçu juste avant que La Mort ne vienne rôder dans l’impasse : Chloé est bien installée et nous embrasse fort tous les trois, regrettant de ne pas être avec nous.

J’atteins la cuisine en titubant à peine, comme si les effets des somnifères prenaient le dessus sur ceux de l’alcool. Et j’adore ça. J’ouvre le frigidaire et prends de grandes gorgées de Coca. C’est mon problème, me saouler m’a toujours donné soif. Je jette un coup d’œil dehors en constatant que je n’ai pas pensé à fermer le store électrique, je vois bien deux réverbères alors qu’il n’y en a qu’un en face de chez moi.

Je fouille dans la poche de mon jean et prends deux cachets de plus que je me glisse sous la langue. Il est bon d’avoir une femme qui bosse pour un grand groupe pharmaceutique. Ce n’est pas ce qui m’a plu chez elle au début, bien sûr, mais c’est un plus. Un sacré plus. Je suis totalement accro à cette saloperie. Et j’adore ça. Je ne pense plus à rien, ne ressens plus grand-chose d’autre que de légers vertiges. Envolée la misère, les enfants qui crèvent de faim à l’autre bout du monde ou à deux rues d’ici. Oubliés les petits soucis du quotidien. Il n’y a plus que moi et mon cerveau embrumé.

Je remonte dans ma chambre – silence dans celle de mes invités –, me déshabille entièrement et m’allonge sur le lit sans prendre la peine de me glisser sous la couette. À la télé, Trump crache sa haine de tout ce qui n’est pas aussi blanc, riche et moche que lui. Comment les Américains ont-ils pu être assez cons pour… Le sommeil me saisit, je n’ai rien vu venir. J’adore ça.
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