Nouno Judlin (1891-1987) est une poétesse provençale.
"Brune, brune, mince, mince, plus vive qu'un jet d'eau et dansante comme une flamme, cette étonnante poétesse aux longs yeux brûlés que le costume d'Arles moule à ravir, avec le ruban de son petit hennin qui serpente et flotte à tous vents, la gorge nue sous la gaze et sous le fichu de la "chapelle" blanche, a fini par adopter un pas tellement prompt et des gestes si vifs qu'on ne lui voit, pour ainsi dire, jamais prendre le temps de ramener et de pincer sa jupe comme font les belles dames des Lices ou de Saint-Trophime. (...)
Elle vient de ce vieux et charmant castellet du Gourg, que ses anciens ont fait construire à Carros...
... Madame Nouno Judlin écrit une prose cristalline et la poésie la plus claire et la plus compréhensible du monde. - Ne vous y fiez pas, il y a des ans et des ans que j'ai lu son poème des "Chèvres noires sur la neige" et je ne parviens pas encore à distinguer très bien ce que peut recouvrir cette étonnante allégorie de l'innocence et du péché. Avis au lecteur, donc ! Il va se figurer qu'il lira un auteur facile, car le livre se laisse boire, pensez-y, et vous m'en direz des nouvelles. (...)
Nouno, toujours victorieuse, bondira devant nous en éclatant de rire. Nous l'interrogerons. Nous la presserons de questions que nous croirons sages. Elle continuera de rire, en refusant tout supplément d'explications sur son héroïne, à peu près comme s'il s'agissait de sa poésie. Ainsi va Nouno. Ainsi Sara. Je vous prie de vous débrouiller dans ces ténèbres pleines de soleil et de fleurs."
Charles Maurras, Préface de Sainte Sara la brune