On aime à rappeler cette inscription, placée dans la porte du passage qui menait à la rue de la Parcheminerie, près du cimetière :
Passant, penses-tu passer par ce passage
Où passant j'ai passé ;
Si tu n'y penses pas, passant, tu n'es pas sage,
Car, en n'y pensant pas, tu te verras passé.
Et sur la porte du cimetière, ces deux vers composés par l'imprimeur Vitré, à l'époque marguillier de Saint-Séverin :
Tous ces morts ont vécu ; toi qui vis, tu mourras !
L'instant fatal approche et tu n'y penses pas ! ...
Le Quartier Latin ! ... Que d'évocations à ces seuls mots !
Quiconque y a vécu des années de jeunesse, de labeur intellectuel, de camaraderie franche et joyeuse, ne peut les entendre sans émoi.
Et combien ont passé par le Quartier Latin, depuis les générations lointaines sur lesquelles la neige des ans a semé ses blancheurs, jusqu'à la génération qui y fait actuellement ses études ? ...
La pierre tombale est celle de Julien de Ravelet et de la belle Chlotilde, saints personnages d'une étrange qualité.
La famille Ravelet, au moyen-âge, répandait dans la région de Tourlaville, près de Cherbourg, une terreur comparable à celle que causait Gilles de Rais, "Barbe-Bleue" de sinistre mémoire, que l'on s'efforce aujourd'hui de réhabiliter.
Julien de Ravelet, épris de sa soeur Marguerite, vécut avec elle, en époux, jusqu'en 1603, époque où on les exécuta l'un et l'autre en place de Grèves.
Ils furent inhumés à Saint-Julien-le-Pauvre où leurs têtes, croit-on, se trouveraient encore.
Leur épitaphe ne mentionne pas les hauts faits de leur édifiante carrière ...
Là, chaque pierre est un souvenir, chaque rue, une page d'Histoire ...