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4.75/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Brașov , le 23/04/1954

Source : éditeur
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Bibliographie de Octavian Soviany   (1)Voir plus

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Octavian Soviany
Il ne reste plus grand-chose
—————————————-
Il ne reste plus grand-chose à regarder.
Un lit abandonné. Une maison vide.
Dans la pièce où nous nous sommes aimés
S’empresseront les araignées avides.

Le verre de la fenêtre me semble enseveli.
Le néant vient d’entrer par la porte.
Le plancher a craqué. Sur le lit
Il neige des cendres et des lettres mortes.

Dans la pièce où nous nous sommes aimés
La glaise et la suie siègeront sans pudeur.
Tu regardes encore le drap blanc et froissé
Qui a gardé en vie l’odeur et ma chaleur.

Pendant que tu essaies de bien te sevrer
De tout ce que ma bouche a voulu t’enseigner,
Sur la paroi tout proche tu vois ma barbe pousser
Comme une herbe noire de chagrin emmêlée.

Et ton visage est devenu tout pâle.
C’est la nuit ultime, mélancolique et sombre.
Tu marches, pensive, vers un mur bancal
Et sur lui tu crucifies mon ombre.

traduit du roumain par Radu Bata

le texte original :

N-au mai rămas prea multe de privit.
Un pat abandonat. O casă goală.
În camera în care ne-am iubit
Vor da buluc păianjenii năvală.

Îţi pare că fereastra a crăpat.
Neantul tocmai a intrat pe uşă.
A scârţâit podeaua. Peste pat
Parcă ar ninge molcom cu cenuşă.

În camera în care ne-am iubit
Vor locui funinginea şi zgura.
Te uiţi la un cearşaf mototolit
Ce mi-a păstrat mirosul şi căldura.

Şi-n timp ce-ncerci acum să te dezveţi
De tot ce gura-mi vru să te înveţe
Vezi barba mea cum creşte pe pereţi
Precum o iarbă neagră de tristeţe.

Şi chipul tău a devenit livid.
E noaptea cea din urmă, trista, sumbra,
Când mergi îngândurată la un zid
Şi-mi răstigneşti pe zidu-acela umbra.
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Octavian Soviany
Il nous reste la tristesse, ténue comme une bruine,
Dans les paumes ouvertes, sur la bouche, la poitrine,
Et le sang qui fuit vers la mort, aérien.
En dessous c’est le rien. Dessus, toujours rien.

***
Extrait de Le blues roumain (Unicité, 2020) – Traduit du roumain par Radu Bata
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Octavian Soviany
L’enfance a volé en éclats
comme une bulle géante
de savon.
De l’adolescence
je me souviens seulement
qu’elle était habillée de rouge
et avait les genoux écorchés.
J’ai vécu ma jeunesse
du temps de ceaușescu
en tirant tout le temps
avec le fusil.
Toujours à côté de la cible,
j’écrivais des odes
à la gloire des cendres
que je jetais à la poubelle.
Puis j’ai sauté la maturité
et la vieillesse est venue
comme un conte d’hiver,
avec sa gloire qui ressemble
à une demoiselle trop âgée
pour être encore désirée.
Oui, pour moi,
toutes les choses sont arrivées trop tard.
J’ai été le dernier petit romantique de l’europe.
Une sorte de che guevara de la poésie.
Et juste avant de mourir
j’ai commencé à voir
nettement :
tout n’est qu’un mouvement
des atomes
en avant et en arrière.
Comme si tu étais
tantôt d’un côté du miroir,
tantôt de l’autre.

(traduit du roumain par Radu Bata)
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Octavian Soviany
Avec chaque ami
qui s’en va
la ville devient plus menue.
J’entends leurs cheveux et leur barbe
pousser
sous la terre.
Je vois l’herbe venir
comme un peuple migrateur
couvrir leurs croix.
Du dessous
mes amis osent parfois sortir
un pied ou un bras
pour voir le temps qu’il fait.
Et quand ils parlent
ils prononcent les mots de la fin au début
et laissent entre eux de longues pauses
à travers lesquelles
on aperçoit les étoiles en bas
et la terre dessus.

(traduit du roumain par Radu Bata)
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Octavian Soviany
Cette nuit qui se lève…
———————————
Cette nuit qui se lève comme une noire colombe,
me servant de la voix comme d’un voile temporel
dans ton corps j’entrerai tel Colomb
avec mon corps en place de caravelle.

Comme les croyants entrent enfin dans l’église
ne sachant quelles icônes ils adorent.
Sur les cuisses tu as la terre promise
et sur le ventre toutes les îles Açores.

Tes seins sont neigeux comme Canada,
fouettés par les vents comme une lande.
Tu sembles un rêve d’hiver, mon Adda,
et tu habites une sorte de Groenland.

Là-bas, dans le blanc des igloos,
– ici, tu es seule à porter rouges émaux –
nous damnerons nos lèvres en glouglous
nous aimant comme de rudes esquimaux.

Poisons secrets faudra-t-il qu’on prenne
quand l’orage reviendra nous happer
Et mon corps va entrer comme un renne
Dans ton corps, qu’on dirait une forêt.

(traduit du roumain par Radu Bata)

[În noaptea asta, care pare plumb,
Slujindu-mă de glasul meu drept velă,
In trupul tău pătrund precum Columb
Cu trupul meu în loc de caravelă.

Cum intră credincioșii în biserici
Și nu știu ce icoană să adore.
Pe coapse tu ai sute de Americi
Și mii și mii de insule Azore.

Iar sânii tăi acoperiți de nea
Sunt biciuiți de vânturi ca o landă.
Ești ca un vis de iarnă, Adda mea,
Și locuiești un fel de Groenlandă.

Acolo, ca-n colibe de omăt,
/Doar tu mai porți aici podoabe roșii! /
Noi facem iar cu buzele prăpăd,
Iubindu-ne barbar ca eschimoșii.

Și nici nu știu ce-otrăvuri să mai bem
Când vine iar vântoasa să ne fure,
Iar trupul meu pătrunde ca un ren
În trupul tău, ce parcă-i o pădure.]

Octavian Soviany, Poeme de dragoste, Editura CHARMIDES, 2018
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Puis, mircea [Cărtărescu ?!] ouvre la fenêtre. « Tiens, tavi [diminutif d’Octavian], pour qu’on n’ait plus jamais faim ou froid, Dieu a planté pour nous, juste sous la fenêtre de l’hôtel, une église. »

[Apoi
mircea deschide
ferestra.

"Uite, tavi,

ca să nu ne mai fie
foame sau
frig
niciodată,
Dumnezeu ne-a plantat
sub ferestra hotelului
o biserică."]
(p. 95)
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Octavian Soviany
Postlude

Il nous reste la tristesse, ténue comme une bruine,
Dans les paumes ouvertes, sur la bouche, la poitrine,
Et le sang qui fuit vers la mort, aérien.
En dessous c'est le rien. Dessus, toujours rien.

(traduit du roumain par Radu Bata, p. 39 du Blues roumain)
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Octavian Soviany
Vœux

Je te souhaite
un joyeux Noël.

Aujourd'hui tu as des invités.
Tu as mis une robe élégante
et sobre.
C'est un repas de famille
tranquille
où l'on parle
en chuchotant
et les couverts ne font pas
le moindre bruit.

C'est comme dans un film
que nous avons vu
ensemble il y a cinquante ans
dont je ne me rappelle
que des détails :
comme la couleur
de tes gants de cuisine
avec lesquels tu prends
le bol de soupe chaude.

Quand tu vas au sapin
pour remettre à l'endroit
une guirlande de travers
tu as l'air de ces femmes tristes
refusées par la vie,
qui
pendant les nuits de Noël
tiennent des volumes de vers
sur le ventre.

Chez moi c'est la paix.
J'ai sur la table une pomme
et dix cigarettes.
Des chats ont frappé
tout à l'heure
à ma porte
pour demander
si je voulais les entendre
interpréter
des cantiques.

(traduit du roumain par Radu Bata)
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Octavian Soviany
Ce soir…

Ce soir tu es triste
comme un pays de lacs et de forêts
qui n’est plus traversé
par les hommes.
Tu rêves de faire l’amour
avec un nuage
et le vent soulève un peu
un pan de ta robe.
Mon sang vient
vers toi
comme un cri
de canard sauvage.
[…]
Nous sommes à table
tous les trois : toi, moi
et entre nous – le temps,
comme un facteur fatigué.
Il nous apporte des rayons noirs
à la tombée du soir
et des pensées lumineuses
à l’aube.
Maintenant
il sort de son vieux cartable
des photos avec nous –
enfants.
Il les déchire
et les jette
sur le feu
en marmonnant :
« seulement les cendres
restent inchangées
même après
cent années »

(traduction du roumain par Radu Bata)
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Octavian Soviany
le mendiant du centre-ville

Apres avoir fini
son jour ouvrable
il vient picoler.
Des fois il s’endort
la tête sur la table
et il laisse choir
toute la monnaie de sa poche.
La Patronne lui assène
alors
quelques bourrades dans les
côtes. Lui
il se met debout,
droit comme un piquet
et sort du bistrot
se balançant
comme si
il descendait du pont d’un
navire, tel un vieux
capitaine de corvette
qui aurait traversé
des dizaines de fois
l’équateur.
Jamais il ne ramasse
la monnaie tombée.
Il regarde dégouté nos ventres de
gens rassasiés.
Il chie après sur
notre argent crasseux et sur
nos projets de bonheur.
Il chuchote :
« Mon Dieu, cette ville
elle a 1000 pharmacies,
3000 banques,
10000 églises
et pas un seul galet
sur lequel le Fils de l’Homme
puisse poser sa tête
un soir de pluie comme celui-ci ! »

*
Me voilà
j’habite une
chambre
pleine de mites
et ce que je cherche
est toujours dans
l’autre pièce.
La solitude par ici ressemble
à de chiottes rustiques
où tu n’as même pas
de quoi
te torcher le cul.
*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
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