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Citation de coco4649


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Extrait 6

La femme fut portique
de l’au-delà du perçu et du pensé :
là, au-dedans, vertes sont les marées,
le sang est vert, vert le feu,
entre les herbes noires, brûlent des étoiles vertes :
c’est la musique verte des élytres
dans la nuit originelle du figuier ;
– là, au-dedans, les extrémités des doigts sont des yeux,
le toucher voit, les regards palpent,
les yeux entendent les odeurs ;
– là, le dedans est le dehors,
c’est partout et c’est nulle part,
les choses sont les mêmes et sont autres,
dans la geôle d’un icosaèdre,
il y a un insecte tisseur de musique,
et un autre qui démaille
les syllogismes que tisse l’araignée
suspendue aux fils de la lune ;
– là, au-dedans, l’espace
est une main ouverte et un front
qui ne pense pas des idées, mais des formes
qui respirent, cheminent, parlent, changent,
et qui silencieusement s’évaporent ;
– là, au-dedans, pays d’échos entretissés,
se précipite la lumière, lente cascade,
entre les lèvres des crevasses,
la lumière est eau, l’eau temps diaphane
où les yeux lavent leurs images ;
– là, au-dedans, les câbles du désir
miment des éternités d’une seconde
que l’électricité mentale
allume, éteint, allume,
résurrections flamboyantes
de l’alphabet calciné ;
– il n’y pas d’école là-bas, au-dedans,
c’est toujours le même jour, la même nuit toujours,
le temps n’est pas encore inventé,
le soleil n’a pas vieilli,
cette neige est identique à l’herbe,
toujours et jamais sont la même chose,
il n’a jamais plu et il ne cesse de pleuvoir,
tout est en train d’être et n’a jamais été,
peuple sans nom des sensations,
noms qui cherchent un corps,
transparences impies,
cages de clarté où s’annulent
l’identité entre ses ressemblances,
la différence dans les contradictions.
Le figuier, ses mensonges et sa sagesse,
prodiges de la terre
– dignes de foi, exacts, redondants, –
et la conversation avec les spectres.
Apprentissages avec le figuier :
parler avec vivants et morts.
Parler aussi avec soi-même.


/Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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