Olivier Blanc -
Marie-Olympe de Gouges 1748-1793 .
A l'occasion des "Rendez-vous de l'Histoire" de Blois 2014, rencontre avec
Olivier Blanc autour de son ouvrage "
Marie-Olympe de Gouges 1748-1793" aux éditions Tallandier. http://www.mollat.com/livres/blanc-olivier-olympe-gouges-une-femme-libertes-9791021004290.html Notes de Musique : PORPORA - _Alto Giove_ from Polifemo. Free Music Archive.
X- PIERRE AUBRY
"Si le sort te conserve pour essuyer mes larmes (...), viens en vrai républicain demander la loi du Talion contre les persécuteurs de ta mère..."
Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire (1791)
On se servit de l'exécution de Mme de Gouges peu après Marie-Antoinette le 16 octobre, suivie de celle de Mme Roland le 8 novembre, pour inviter les Françaises à se détourner des affaires publiques : "Olympe de Gouges, lisait-on dans la Feuille du Salut public du 17 novembre, née avec une imagination exaltée, prit son délire pour une inspiration de la nature. Elle commença par déraisonner et finit par adopter le projet des perfides qui voulaient diviser la France : elle voulut être homme d'Etat et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d'avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe.(1)"
Les mêmes jours, le procureur de la commune, Pierre-Gaspard Chaumette, invitait les membres du club des Jacobins à méditer sur cette exécution qui avait valeur d'exemple : "Rappelez-vous cette virago, cette femme-homme, l'impudente Olympe de Gouges qui, la première institua des sociétés de femmes, qui abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes !". Et il poursuivait en s'adressant plus particulièrement aux femmes des Jacobins : "Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois ; et vous voudriez les imiter ? Non, vous sentirez que vous ne serez intéressantes et vraiment dignes d'estime que lorsque vous serez ce que la nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées, c'est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes." Le ton était donné, et ce discours de Chaumette, morceau d'anthologie de l'histoire des femmes en France, marque l'ouverture de la période de recul et d'effacement des Françaises dans la société civile et politique pendant plus d'un siècle et demi.
(1) La Feuille du Salut public du 17 brumaire an II.
Le gouvernement en prit possession (hôtel de Gallifet) en 1790, mais ce n'est qu'en Ventôse an II (mars 1794) qu'il fût affecté aux Relations extérieures.
De 1795 à 1797, un ministre en titre, Charles Delacroix, père du peintre, y conduisit la politique extérieure du Directoire. C'est alors que Talleyrand lui succéda pour une longue période, de juillet 1797 à 1807, à peine interrompue à la veille du coup d'Etat de Brumaire an VIII. A l'époque de Talleyrand, l'hôtel Gallifet renoua avec le faste : de somptueuses réceptions y eurent lieu, en particulier la fête du 3 janvier 1798 donnée en l'honneur de Bonaparte, victorieux en Italie.
Cambon, dans son rapport sur la dette publique présenté le 15 août 1793 à la Convention : "C'est peut-être à l'existence de ces emprunts que nous devons le commencement de la Révolution ; le gouvernement embarrassé pour acquitter les engagements qu'il avait contractés, convoque les Etats Généraux pour y pourvoir. Les portefeuilles regorgeaient d'effets royaux ; les propriétaires de ces effets, craignaient de perdre leurs capitaux, prirent le masque révolutionnaire et se réunirent aux amis de la République ; dès lors, c'est de ce foyer que partit le feu sacré qui enflamma les âmes le 14 juillet et les 5 et 6 octobre 1789".
Les hôtels particuliers sont inséparables de cette institution des XVIIe et XVIIIe siècles que furent les salons
N'y aurait-il pas eu des tentatives réitérées et combinées de
déconsidérer la Convention dans l'opinion publique, de favoriser la
multiplication — ou la division — des partis, de susciter les excès
des tribunaux d'exception, de rendre le pays ingouvernable ?
De tous les hôtels aristocratiques du Marais, le plus illustre est l'hôtel Carnavalet, qui abrite aujourd'hui le musée du même nom. Au XVIIe siècle, il avait déjà la réputation d'abriter une "célébrité" en la personne de la marquise de Sévigné, qui fut l'une des femmes les plus spirituelles de la cour de Louis XIV.
Plusieurs députés assez clairvoyants avaient toutefois soupçonné l’allégeance de Mirabeau à la Cour, mais ils n’avaient pas de preuves. Ils ignoraient donc que les dettes du tribun avaient été payées sur le fonds secret du département des Affaires étrangères, fonds de 1 500 000 livres dont Montmorin n’avait de compte à rendre qu’au roi. Ils ignoraient aussi que Mirabeau tenait le rôle de conseiller secret d’une véritable diplomatie parallèle et secrète, mise en œuvre aux Tuileries dès 1790 sous l’égide de Montmorin et de Radix de Sainte-Foix, ancien premier commis des Affaires étrangères sous Choiseul, trésorier général de la Marine et surintendant du comte d’Artois…
"On connait l'apparent paradoxe formulé par Rivarol dès les premiers mois de la Révolution : "Soixante mille capitalistes et la fourmilière des agioteurs ont décidé la Révolution... Ils voulaient que M. Necker régnât pour les payer ; qu'on essayât une révolution pour les payer ; que tout fût renversé pourvu qu'on les payât. Ils ne concevaient pas que l'Assemblée nationale fut autre chose qu'un comité de finances..."
C'est dans ce lieu (la maison de Barère à Clichy-la-Garenne), dit Vilate, que se dressaient des listes de victimes pour l'échafaud après la loi du 22 prairial, c'est là aussi que, vraisemblablement, fut méditée la perte de Robespierre combinée par certains membres des deux comités de gouvernement, de connivence avec les représentants terroristes et concussionnaires tels Fouché, Barras, Rovère, Merlin de Thionville, Panis, Tallien, etc..., qui croyaient non sans raison qu'une menace planait sur leur tête. Mais Robespierre eut le tort, qui lui fut fatal, de croire à la loyauté de ses collègues des comités qui le méprisaient du fait de son incorruptibilité et de sa très grande popularité au club des Jacobins et dans dans les sections.
Contrairement aux idées reçues, les documents sur l’espionnage existent donc bien. Quoique dispersés, ils sont abondants et souvent éloquents.