Les dimanches interminables, les jours de fête sans véritable famille l'ont façonné. Ses souvenirs sont inscrits sans la couleur du partage. Ils sont gravés au singulier. Sa mère n'est jamais là. Les congés auraient dû être des moments où tout s'arrête pour permettre à maman de jouer, à papa de bricoler. Elle, elle était quelque part sur les routes à inventer l'avenir qu'elle n'a pas eu, lui, trop souvent au magasin, à cravacher pour tenir ses responsabilités d'un présent qu'il n'a peut-être pas voulu. Marc, adulte, se rend compte qu'il est modelé aux clichés, aux rêves de papier glacé. La vie n'est pas du cinéma, c'est un reportage en direct dans lequel on prend des coups et des claques.
Ce qui est le plus difficile ici, c’est la nuit, le moment du silence. L’obscurité laisse résonner les erreurs. Les ténèbres amplifient les mauvais choix, rappellent les rencontres toxiques. Matharu adorerait mettre la main sur l’auteur de son destin. Il le forcerait à réécrire sa naissance loin de la banlieue merdique de Chicago. Le taulard qu’il est devenu apprécierait avoir la possibilité de lire une autre histoire à l’enfant de la cité qu’il était, à l’adolescent qui a mal tourné. Il sent qu’il est trop tard pour ça, qu’il a raté une bifurcation. Elle aurait pu le conduire sur un chemin moins abrupt.