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Citation de Charybde2


Quand il regardait les matchs, c’était toujours dans le salon, il voulait avoir la paix. Il coupait son téléphone, même s’il était de garde à la clinique. Injoignable. L’infarctus d’un quelconque fils de pute pouvait attendre, ça ne rivalisait pas assez une victoire, une combinaison efficace ou même une défaite de ses couleurs. Ces couleurs qui ne tarderaient pas à devenir nos couleurs.
Mon père avait de la classe. Dans le style et dans la parlote. Il était aimé de tous, c’est assez rare. C’était agréable de discuter avec lui, il était fin et sage, toujours très raisonné. Mais quand le coup de sifflet retentissait, il se transformait en une forme d’animal grotesque et ses cris en arabe renvoyaient à l’impétuosité de ses origines. Son beau parler laissait place à des impolitesses gratuites. Son discernement s’évaporait pour faire surgir une mauvaise foi affligeante. Lorsqu’une occasion se profilait, que nos attaquants se rapprochaient du but adverse, il se levait d’un coup sec, pliait les genoux et basculait le bassin vers l’arrière comme un gardien de but maladroit. Puis il se mettait à dégueuler des cris brefs et aigus qui lui venaient du fond de la gorge et qu’il me lèguerait en même temps que sa folie.
En interrompant un match de cette importance pour la course au titre, je naissais sous les auspices les moins favorables.
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