Le punk, et c’est plus étonnant, ce sont des moments de silence. Aussi étrange que cela puisse paraître, ces répertoires qui semblent avoir tout du mur du son, peuvent comporter de – brèves – interruptions, des moments de suspension, des baisses de densité. Le poids dramatique d’une pause dans un continuum musical est connu et pratiqué depuis des siècles, mais lorsqu’il intervient au milieu d’une tempête, son efficacité est décuplée. Les punks s’empareront pour la plupart de ce potentiel.
Le punk, c’est aussi une sensibilité formelle binaire. La structure des chansons se résume à une alternance couplet / refrain. Les carrures sont symétriques : soit 8, soit 16 mesures et surtout, on ne s’embarrasse pas de ponts, de solos, d’intros ou d’outros. On commence plein pot, on trace, on s’arrête. Ah oui ! Parfois le dernier refrain est répété en guise de conclusion. C’est n’est pas Le marteau sans maître, mais c’est plus simple pour pogoter.
Insolents, moqueurs, militants, satiriques, agressifs, nombreux sont les adjectifs que nous avons employés pour qualifier les personnages lexicaux, vocaux, prosodiques et musico-littéraires mis en oeuvre par les premiers punks français. Ces adjectifs témoignent de la richesse du matériau de cette forme d’expression qui, à cause de son apparente simplicité, a longtemps été mise de côté par la musicologie.