La serveuse aux cheveux courts sort de la brasserie, elle est suivie. Stop. [...] La serveuse se débat. Une main enserre sa bouche pour l’empêcher de crier. La lame affûtée du prédateur lui tranche la carotide. Le sang jaillit. Stop. [...] La serveuse est étendue par terre, baignant dans son sang. De dos, un homme muni de gants en latex nettoie son corps avec un chiffon humecté. Stop.
Nous sommes ces pions qui traversent les champs de bataille : ces huit cases qui comptent autant de labyrinthes, peuplées de monstres et de sublime, de ronces et de cerisiers en fleurs, de fils barbelés et de fils d’Ariane, ces huit cases interminables, éminentes et minées… Pour accomplir notre métamorphose : Aller jusqu' à la Reine – God save the Queen ! – l’orgasme suprême ; toucher le fond de l’échiquier, mourir et renaître de nos cendres.
— Ne me la faites pas, à moi. Vous êtes le premier à savoir que chaque crime raconte une histoire. C’est une pièce au milieu d’un puzzle, un rébus, une métaphore…
— Je vous le dis, celui-là est d’une extrême banalité.
— L’homme ne tue jamais gratuitement ; il se venge, il s’approprie, il devient Dieu. Sans transcendance, un crime n’est qu’une vulgaire ébauche inachevée et inutile !